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ONÉSICRITE, CALLISTHÈNE, ETC.

avait composé des Helléniques dont il reste quelques fragments[1]. On sait comment il suivit Alexandre et comment il finit par encourir sa disgrâce par une attitude d’opposition qui passe pour une conspiration proprement dite. Il avait commencé d’écrire une Histoire d’Alexandre lorsqu’il mourut. Chose singulière, cet opposant, ce prétendu conspirateur, était, en histoire, un flatteur et un rhéteur. Il y avait là, de sa part, mauvais goût littéraire, sans doute, plutôt que bassesse d’âme : car on vantait son caractère[2]. Mais il n’est guère possible de douter que ce ne fût un pauvre historien[3]. Bien qu’il ne soit pas directement responsable des absurdités que renferme un récit de basse époque publié beaucoup plus tard sous son nom[4], on peut dire qu’il avait mérité en quelque mesure cette fausse attribution par les mauvais exemples qu’il avait certainement donnés.

Le même reproche doit être adressé à trois autres historiens d’Alexandre dont il nous reste à dire un mot. Ce sont : 1° Clitarque, dont il reste une trentaine de fragments[5] ; 2° Anaximène de Lampsaque, le rhéteur à qui l’on a quelquefois attribué la Rhétorique à Alexandre[6] ; 3° enfin Hégésias, dont nous avons parlé plus haut, et sur lequel nous n’avons pas à revenir ici. Quant à Clitarque, on louait son talent, mais on le déclarait indi-

  1. Fragm. dans C. Müller, p. 1-32. Une inscription de Delphes, récemment publiée par M.  Homolle (Bull. de corresp. Hellén., 1898, p. 260 et suiv.) le montre comme le collaborateur d’Aristote pour l’ouvrage intitulé Πυθιονῖϰαι.
  2. Plutarque, Alex., 53.
  3. Voir surtout Polybe, XII, 42, et 17-22. Dans ce second passage, Polybe, par une critique suivie d’un récit de Callisthène, montre que celui-ci enfle arbitrairement ses chiffres contrairement à toute possibilité.
  4. Cf. C. Müller, Pseudo-Callisthène (à la suite des Historiens d’Alexandre).
  5. Fragments dans C. Müller, p. 74-85.
  6. Fragments dans C. Müller, p. 33-39.