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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

sans parler des collections secondaires qui se formèrent en divers endroits à l’imitation de celles-là. Ainsi, de tous côtés, les matériaux du travail philologique s'accumulaient, rendant ce travail à la fois plus facile et plus indispensable.

Les hommes ne manquèrent pas à cette tâche nouvelle. Ce furent tout d’abord les bibliothécaires mêmes placés par les rois d’Égypte et de Pergame à la tête de ces dépôts ; ensuite, à leur exemple, la foule de leurs disciples et de leurs imitateurs. La série des bibliothécaires alexandrins au iiie et au iie siècle est remarquable : elle ne comprend que des hommes d’un grand mérite ; Zénodote, Callimaque, Ératosthène, Apollonios de Rhodes, Aristophane de Byzance, Aristarque[1]. Au temps d’Aristarque, la bibliothèque de Pergame avait à sa tête Cratès de Mallos, le rival d’Aristarque en réputation. Tous furent des travailleurs infatigables. Leurs écrits se comptaient par centaines. Il n’en reste que des débris, venus jusqu’à nous par l’intermédiaire des scoliastes et des grammairiens postérieurs. Sans attribuer à ces érudits une valeur littéraire à laquelle eux-mêmes sans doute ne prétendaient pas, essayons de rappeler brièvement ce qu’ils ont fait et de caractériser leur méthode.

Zénodote, d’Éphèse, fut l’élève de Philetas de Cos[2]. Comme son maître, il associait à la pratique de la poésie l’étude théorique et savante de la langue[3]. Son œuvre de poète est oubliée ; son œuvre de grammairien l’a rendu célèbre. Ptolémée I Soter lui confia l’éducation de ses enfants. L’aîné de ceux-ci, Phila-

  1. Sur toute cette chronologie, dont certains points sont obscurs, cf. A. Couat, Poésie Alexandrine, chap. II.
  2. Notice de Suidas. Cf. Susemihl, I, 330-335. Date de naissance inconnue.
  3. Sur Philetas, cf. plus bas, {abréviation|chap.|chapitre}} IV.