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ARISTOPHANE DE BYZANCE

plus fine, sur les changements récents de la langue grecque (Περὶ τῶν ὑποπτευομένων μὴ εἰρῆσθαι τοῖς παλαιοῖς). En bibliographie, il avait apporté des additions et des corrections aux Tableaux de Callimaque[1]. Comme éditeur, enfin, il donna des éditions nouvelles non seulement d’Homère, mais aussi d’Hésiode, des principaux poètes lyriques (Alcée, Anacréon, Pindare), des grands poètes tragiques et comiques, et même de certains prosateurs, comme Platon. Ces éditions étaient remarquables par l’esprit critique[2], par le savoir, par d’ingénieux efforts pour rendre plus facilement accessible au lecteur le résultat de ses recherches et l’intelligence du texte. C’est ainsi qu’il avait composé des arguments (ὑποθέσεις) pour les pièces de théâtre, qu’il avait groupé les dialogues platoniciens en trilogies, et surtout qu’il avait créé ou perfectionné tout un système de signes critiques (obèle, sigma, antisigma, etc.) qui lui permettaient, sans perte de temps ni de place, de signaler rapidement au lecteur les passages qui lui semblaient interpolés, ou notables par quelque raison. Il avait également imaginé de séparer, dans les œuvres lyriques, les différentes parties de la strophe (cola, vers, périodes), qu’on écrivait auparavant sans alinéa, comme de la prose[3]. Ajoutons enfin que, par le choix qu’il avait fait de certains poètes de préférence aux autres, il avait commencé d’établir ce canon des « classiques » qui fut surtout son œuvre et celle d’Aristarque[4], et qui n’a cessé de prévaloir.

  1. Athénée, p. 408, F.
  2. Il discutait, par exemple, l’authenticité des diverses œuvres d’Hésiode (Quintilien, I, 1, 15, à propos des Ὑποθῆϰαι de Chiron).
  3. Les péans delphiques retrouvés par M. Homolle, de même que celui d’Isyllos à Épidaure, à peu près contemporains d’Aristophane de Byzance, sont encore écrits selon l’ancien système.
  4. Cf. Quintilien, X, 1, 54 et I, 4, 3. Cf. Steffen, De Canone qui dicitur Aristophanis et Aristarchi, Leipzig, 1876.