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ÉCRIVAINS JUDÉO-GRECS

roi des Parthes dans les bagages de l’armée romaine, offensèrent la pudeur du prince barbare[1]. On les attribuait à un certain Aristide de Milet[2], mais on en ignore la date exacte, et le peu qui en reste ne permet pas de les juger. Divers passages des ouvrages de Cicéron sur la rhétorique semblent aussi attester l’existence de certaines narrations fictives que l’on appellerait aujourd’hui des romans[3]. Mais tout cela n’a laissé aucune trace et nous ne pouvons que signaler à ce propos, sans y insister, les très humbles débuts d’une forme littéraire appelée à de si brillantes destinées.

VIII

Il nous reste à dire quelques mots d’une dernière sorte d‘écrits qui complètent curieusement, à l’époque alexandrine, le spectacle de cette prodigieuse diversité que présente alors l’érudition hellénique : ce sont les écrits grecs d’origine juive[4].

Une colonie juive nombreuse s’était établie à Alexandrie dès la fondation de la ville nouvelle. Ils obtinrent une situation privilégiée sous les Ptolémée et prospérèrent si bien que Philon, trois siècles plus tard, évaluait leur chiffre total, pour Alexandrie et les environs, à un million[5]. Ces Juifs avaient apporté avec eux leur langue, leurs livres sacrés, leurs traditions. Mais ils ne tardèrent pas à s’helléniser en partie. La langue grec-

  1. Plutarque, Crassus, 32. Cf. Ovide. Tristes, II, 413.
  2. C. Müller, Fragm. Hist. graec., t. IV, p. 320-327.
  3. De Inventione, I, 19, 27 ; ad Herennium, I, 8, 12. Ces passages, relevés pour la première fois par Thiele, sont cités par Susemihl.
  4. Cf. Susemihl, II, p. 601-656, où l’on trouvera, d’après Schürer (Geschichte des Judaischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, Leipzig, 1886) toute la bibliographie du sujet, qu’on ne peut ici qu’effleurer.
  5. Philon, In Flacc., t. II, p. 523, Mangey.