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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

du poète de la vie pastorale ; puis la courte description de la lutte contre le taureau, d’un sentiment plastique et sculptural intense[1] ; enfin le récit plus long de la lutte contre le lion, où l’on retrouve les mêmes qualités, avec une vive peinture de la terreur générale inspirée par le monstre[2]. — La vingt-quatrième idylle, Héraclès enfant (Ἡρακλίσκος) a pour sujet l’histoire du premier exploit d’Héraclès, sa lutte victorieuse contre les deux serpents envoyés par Héra. On a dit souvent que c’était une épopée en miniature ; le mot est très juste, dans tous les sens : cette épopée n’est pas seulement courte, elle remplace la grandeur de l’émotion par le fini spirituel des détails, avec un art d’ailleurs achevé. Pindare avait touché une fois à ce sujet : en quelques traits rapides et forts, il avait donné l’impression d’une destinée surnaturelle, d’une grandeur héroïque et franchement miraculeuse. Théocrite décrit avec une grâce infinie et tout humaine le sommeil des enfants ; il raconte avec une précision pittoresque l’arrivée des serpents, l’attitude d’Iphiclès et celle d’Héraclès, la lutte rapide, le réveil éperdu d’Alcmène, et la scène qui suit. Chaque détail pris à part est délicieux et le récit court au but sans longueurs. Mais la grandeur religieuse en a disparu, malgré la lumière divine qui éclaire la chambre : le miracle est rapetissé ; Héraclès enfant ressemble ici à ces Amours que les sculpteurs de ce temps aimaient à vêtir d’une peau de lion : on ne le prend pas au sérieux ; on sent bien que c’est un enfant comme un autre et qu’il se déguise en héros. Le malheur est que personne alors ne croyait plus aux héros, pas même Théocrite.

Voici maintenant deux pièces qui sont des hymnes. — L’une (XVII), adressée à Ptolémée, n’est qu’une œuvre

  1. Ibid., 138-152.
  2. Ibid., 244-271.