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CALLIMAQUE

nombreuses (une quinzaine en tout), et en outre trop courtes, pour que l’on puisse aujourd’hui restituer même le plan de l’ouvrage. Les tentatives faites en ce sens par O. Schneider, l’éditeur de Callimaque, n’ont prouvé que sa propre fertilité d’invention. Tout ce qu’on peut dire des Αἴτια se réduit donc à fort peu de chose. Ce qui est certain, c’est que l’ouvrage, dans son ensemble, était une suite de récits élégiaques, consacrés à des légendes rares et curieuses, savamment compilées et mises en œuvre. Callimaque était encore à Cyrène, semble-t-il, lorsque les Muses de l’Hélicon lui avaient donné l’idée première de son œuvre, évidemment continuée ensuite pendant de longues années. Le poète, dans un prologue, racontait que les Muses lui avaient envoyé un songe : il avait écrit sous leur dictée[1]. Les légendes qu’il mettait en œuvre étaient censées donner l’explication d’une foule de faits historiques, géographiques ou autres. Elles étaient obscures, à cause des mots rares, des allusions à des choses mal connues : elles faisaient la joie des grammairiens et des érudits[2]. Quelques-unes pourtant avaient un autre caractère, bien alexandrin aussi : c’étaient des histoires d’amour. La plus célèbre était celle d’Acontios et de Cydippé, racontée au IIIe livre. Comme le sujet a été repris, après Callimaque, par l’épistolographe Aristénète[3], qui semble avoir suivi très exactement les traces de son modèle[4], nous pouvons en distinguer les principaux traits. Deux beaux enfants s’aiment avec passion : un message écrit sur une pomme (c’est peut-être ce détail qui était le prétexte du récit)

  1. Cf. Anthol. Pal. VII, 42. Pour la discussion du sens de cette épigramme, v. Couat, p. 130-131.
  2. Clément d’Alexandrie, Strom., V, p. 574.
  3. Aristénète, I, 40, dans les Epistologr. graeci (Didot).
  4. Cf. Dilthey, De Callimachi Cydippa, Leipzig, 1863 ; Couat, p. 43 et suiv.