Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
EUPHORION, RHIANOS

gouriques à des mythes mal connus, une érudition laborieuse au possible, toute l’obscurité proverbiale des oracles, compliquée de pédantisme alexandrin. Si l’on détache de l’ensemble quelques vers isolés et qu’on les commente avec soin, on y sent du souffle, une sorte de couleur eschyléenne ou pindarique ; l’auteur n’est pas sans talent. Mais si l’on essaie de lire l’ouvrage dans sa teneur suivie, on perd pied au bout de peu d’instants, et l’on ne voit plus, dans ce grand effort, qu’une monstruosité. Par ce qu’il a voulu faire et même par ce qu’il a fait, Lycophron mérite une courte mention dans une histoire de l’Alexandrinisme, mais il ne mérite pas davantage.

VI

Les poètes dont nous venons de parler ont ouvert des voies en tous sens et fixé les traits essentiels de la poésie alexandrine. Après eux, pendant deux siècles encore, on les imite, on les recommence avec plus ou moins de succès, mais sans qu’aucun nom désormais s’élève décidément au dessus de la foule. Une revue rapide de ces « épigones » justifiera cette observation générale.


L’épopée est représentée par deux noms surtout, ceux d’Euphorion et de Rhianos.

Euphorion naquit à Chalcis, en Eubée, en 276, d’après le témoignage de Suidas[1]. Il étudia la philosophie à Athènes, s’enrichit, dit-on, par un amour peu honorable, et finit sa vie comme bibliothécaire d’Antiochus le Grand

  1. Suidas, Εὐφορίων. Cf. Meineke, De Euphorionis vita et scriptis, Dantzig, 1823 ; Susemihl, I, 393-399. Fragments historiques dans C. Müller (Didot, Fragm. Hist. gr., t. III. Fragments épiques dans Meineke, Analecta Alexandrina, Berlin, 1843. Deux épigrammes dans Anthol. Pal. VI, 219, et VII, 651. (Jacobs, I, p. 189).