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MÉLÉAGRE

tique de l’improvisation[1]. Il vécut vers le milieu du second siècle : deux de ses épigrammes font allusion à la ruine récente de Corinthe[2]. Nous avons de lui une centaine de pièces ; c’est un des poètes les plus largement représentés dans l’Anthologie. Son mérite n’est pourtant pas de premier ordre. C’est un imitateur de Léonidas de Tarente, de Callimaque, de tous les maîtres alexandrins. Il écrit avec une élégance un peu cherchée, laborieuse d’apparence (malgré sa facilité d’improvisateur), sur des sujets qui n’ont rien de personnel.


Méléagre est beaucoup plus intéressant[3]. Il était né, vers le milieu du second siècle, d’un père grec, à Gadara, en Syrie, de sorte qu’il s’appelle lui-même quelque part un « Syrien[4]. » Gadara était la patrie du philosophe cynique Ménippe et paraît avoir été un centre littéraire assez vivant. Méléagre suivit d’abord la doctrine de son compatriote, puis il se rendit à Tyr, où il mena une vie de plaisir ; lui-même fait plusieurs fois allusion à cet oubli de la philosophie et de la sagesse. La plupart de ses poésies amoureuses appartiennent à cette période. Quand l’âge l’eut un peu calmé, il se retira à Cos, où il s’occupa surtout, semble-t-il, de philosophie et d’érudition, mais sans renoncer encore à l’amour. Il y mourut dans un âge avancé.

Comme poète, Méléagre se distingue de la plupart de ses contemporains par la place considérable qu’il donne

  1. Cic. De Orat., III, 50.
  2. Épigr. 50 et 54 (dans Anthol. de Jacobs, t. II, p. 1-38). Susemihl, II, p. 551.
  3. Ses œuvres ouvrent le t. I de l’Anthologie de Jacobs. — Sur sa vie et ses œuvres, v. l’excellente étude d’Henri Ouvré, Méléagre de Gadara, Paris, 1894. Cf. aussi Radinger, Meleagros von Gadara, Berlin, 1897 (article dans Berliner Philol. Wochenschr., 1897, no 40). Article de Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. V. — Méléagre a été traduit en français par M. Pierre Louys.
  4. Épigr. 121 (Jacobs).