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ATHÈNES

limaque, Ératosthène, Apollonios de Rhodes, Aristophane de Byzance, Aristarque[1].

Un musée est, selon l’étymologie, un lieu consacré aux Muses. Le Musée d’Alexandrie était un établissement considérable, comprenant des édifices et des jardins, avec une organisation par laquelle il tenait à la fois du temple, de l’Académie, et de l’Université[2]. Les édifices étaient nombreux : l’un d’eux, probablement, servait à loger la bibliothèque ; d’autres contenaient des salles de dissection, des observatoires astronomiques. Dans les jardins, il y avait des animaux rares et des plantes exotiques. Des portiques environnaient l’ensemble des bâtiments. En suivant ces portiques, on arrivait à un édifice élégant qui renfermait deux salles importantes. L’une était l’exèdre, qui servait aux réunions des savants attachés au Musée : l’autre, la pièce où ils prenaient leurs repas en commun[3]. Car un personnel nombreux vivait à l’ombre du Musée. C’était d’abord un grand prêtre, chargé de l’administration ; puis une foule de savants et de lettrés, nommés par le roi, pensionnés par lui, et qui se livraient, dans l’admirable établissement ou s’écoulait leur vie, soit à des recherches personnelles et libres, soit aux plaisirs de la conversation entre gens de mêmes goûts et de même culture, soit enfin à l’enseignement. Les écoles philosophiques d’Athènes, l’Académie ou le Lycée par exemple, présentaient quelques traits analogues ; mais nulle part rien d’aussi grand ni d’aussi complet n’avait été fait. C’étaient vraiment toutes les Muses que les rois d’Égypte avaient logées dans ce beau palais. « Volière des Muses », disait le satirique Timon[4]. Le mot était méchant ;

  1. Couat, p. 22.
  2. Couat, p. 15-19.
  3. Strabon, XVII. p. 793-795.
  4. Dans Athénée, I. p. 22, D.