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DENYS DE THRACE ; TYRANNION

II

La grammaire et la philologie ne sont guère davantage du domaine de la littérature proprement dite. Notons cependant, ici encore, des efforts méritoires et d’incontestables progrès.


Le grand grammairien de ce temps est Denys de Thrace, le véritable organisateur, sinon le fondateur, de la science grammaticale dans l’antiquité. Cette science, nous l’avons vu, avait débuté au ve siècle, avec les premiers sophistes. Elle avait ensuite été cultivée par les écoles philosophiques, surtout par les stoïciens, et avait dû de nouveaux progrès aux philologues alexandrins. Mais c’est Denys de Thrace qui l’a codifiée, pour ainsi dire, et qui lui a donné sa forme définitive pour de longs siècles. — Denys était né à Alexandrie, d’une famille d’origine thrace[1], un peu avant le milieu du iie siècle. Il fut l’élève d’Aristarque. Puis il s’établit à Rhodes, devenue un centre philosophique, littéraire et artistique très brillant, et y enseigne la « grammaire », au sens grec du mot, c’est-à-dire la philologie tout entière[2]. Il composa probablement divers écrits exégétiques analogues à ceux de son maître Aristarque, dont on voit qu’il critiqua parfois les idées[3]. Mais l’ouvrage qui a fait sa gloire est un Traité de grammaire, une Τέχνη γραμματική, qui fut le premier essai tenté pour coordonner la science grammaticale jusque là éparse, et pour en présenter un exposé systématique, court, facile

  1. Suidas, Διονύσιος.
  2. V., au début de sa τέχνη, l’énumération des parties de la γραμματική.
  3. Cf. Susemihl, II, p. 175, n. 157.