Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
DIODORE DE SICILE

d’origine, y apprit de bonne heure le latin (Hist. i, 4). Dès qu’il eut conçu le projet de sa grande œuvre historique, il s’y prépara par de longs et pénibles voyages à travers l’Europe et l’Asie[1]. Cela laisse supposer qu’il jouissait d’une assez large fortune pour être libre de son temps et ne pas regarder à la dépense. Un de ses voyages le conduisit en Égypte dans la 180e Olympiade (60-57 av. J.-C.). Il fit aussi de nombreux et longs séjours à Rome, où il trouva, nous dit-il, les ressources de travail nécessaires à sa grande entreprise (i, 4). Celle-ci lui demanda trente années de préparation (Ibid.). Elle semble avoir été achevée et publiée vers le début du règne d’Auguste, car il y est fait allusion à l’apothéose de César (i, 4, 7) ; on s’explique que l’auteur d’où Suidas a tiré sa notice ait fait vivre Diodore sous Auguste, si c’est alors en effet qu’il se fit connaître. D’autre part, il est peu probable que l’ouvrage ait été publié plus tard, car il n’y est fait aucune allusion aux événements postérieurs à l’an 30 ; d’ailleurs, Diodore ne devait plus être jeune, lorsque l’empire fut établi. Le titre authentique de l’ouvrage paraît avoir été Bibliothèque historique (probablement Ἱστοριῶν βιβλιοθήκη)[2].

Persuadé de l’utilité de l’histoire, surtout de l’histoire universelle, qu’il vante dans sa préface, et, sans doute aussi, ambitieux d’attacher son nom à une grande œuvre, Diodore se proposa surtout de réunir en un exposé

    En admettant qu’il en eût commencé la préparation vers sa trentième année, cela reporte sa naissance à l’année 90. Mais on voit que ce calcul est loin d’être précis. Il concorde toutefois assez bien avec ce fait que Diodore se donne à plusieurs reprises pour un contemporain de Jules César (voir en particulier l. I, c. 21 et 25). Consulter, dans le Diodore de Dindorf (t. V, p. 322), le Brevis tractatus de Diodoro et ejus scriptis de H. Estienne.

  1. I, 4 : Μετὰ πολλῆς κακοπαθείας καὶ κινδύνων ἐπήλθομεν πολλὴν τῆς τε Ἀσίας καὶ τῆς Εὐρώπης.
  2. Pline l’Anc., préf. c. 23. Cf. Scol. Aristoph. Plutus, v. 9, et Suidas, notice citée.