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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

chronologie. Diodore ne semble avoir eu aucune pratique raisonnée du calcul des temps ; il a cru qu’il suffirait, pour ce qu’il voulait faire, de mettre à profit les travaux antérieurs. La chronique d’Apollodore lui servit, pour ainsi dire, de canevas chronologique pour toute la première partie de son histoire, et sans doute même au delà[1] ; mais, en outre, il emprunta tout simplement à chacun des historiens qu’il dépouillait sa manière propre de compter le temps, bien que les uns comptassent par années solaires, d’autres par saisons, d’autres encore par olympiades ou par années attiques ; et il le fit, sans se préoccuper de les concilier ; de là, malgré son exactitude apparente, quantité de divergences gênantes dans le détail des faits. De plus, il a voulu superposer la chronologie romaine à la chronologie grecque, sans se rendre compte des obscurités de la première et sans remarquer que l’année grecque ne coïncidait pas avec l’année romaine[2].

Cela, toutefois, n’aurait donné lieu qu’à un défaut accessoire. Une autre difficulté, bien plus grave parce qu’elle touchait au fond même des choses, était de faire la critique de témoignages multiples et parfois contradictoires, soit pour les concilier, soit pour choisir les meilleurs en connaissance de cause. Cette critique, Diodore ne paraît pas avoir cherché sérieusement à l’exercer. L’étude de ses sources a permis peu à peu de discerner sa méthode et de constater à quel point elle est loin d’être scientifique[3]. Pour chaque partie de son

  1. I, 54. Cf. XIII, 103, 4 et 108, 1.
  2. Chronologie de Diodore dans l’édition de Dindorf, t. III, p. XIX, De Chronologia Diodori, où sont reproduites les pages de Clinton (Fasti Hell., t. II, p. XXI) sur ce sujet. Cf. pour la chronologie romaine, Th. Mommsen, Fabius und Diodor (Röm. Forsch., II, p. 221 et Hermes, 1878). Sur ces difficultés, voir Bouché-Leclercq, Manuel des Instit. romaines, p. 590.
  3. Cette étude a été commencée à la fin du dernier siècle par