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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

Les Études sur les anciens orateurs (Περὶ τῶν ἀρχαίων ῥητόρων ὑπομνηματισμοί) semblent être le plus ancien des écrits de Denys qui soient venus jusqu’à nous[1]. La préface, écrite avec une ardeur où se trahit encore la jeuesse, est une sorte de manifeste contre la rhétorique asiatique : on y sent la passion d’un homme qui entre pour la première fois dans la lutte. D’ailleurs, il ne s’agit pour lui que d’achever la victoire, car il considère l’ennemi comme déjà vaincu. Le meilleur moyen de l’accabler, c’est de mieux faire connaître les vrais modèles. Dans ce dessein, Denys choisit six grands orateurs, qu’il répartit en deux groupes : première génération, Lysias, Isocrate, Isée ; seconde génération, Démosthène, Hypéride, Eschine. Nous ne possédons que la première partie, mais la seconde fut certainement écrite et publiée[2]. Dans les trois études conservées, le plan suivi par l’auteur est uniforme : d’abord, une esquisse de la vie de l’orateur ; puis les caractères distinctifs de son style (ὁ λεκτικὸς χαρακτήρ) ; ensuite ceux qui touchent à la composition et à la manière de traiter les diverses parties du discours (ὁ πραγματικὸς χαρακτήρ)[3] ; enfin un choix de morceaux, donnés comme exemples à

  1. La chronologie des écrits de Denys ne peut pas être établie d’une manière tout à fait certaine. Consulter l’essai de Blass : De Dionysii Halicarnassensis scriptis rhetoricis, Bonn, 1863. Le classement qu’il propose ne me paraît pas toujours exact, et j’ai dû m’en écarter assez sensiblement. — Au début de la 2e lettre à Ammaeos, le π. τῶν ἀρχ. ῥητ. est désigné comme un écrit ancien.
  2. J’admets avec Blass (ouvrage cité, p. 11), que le début du Dinarque prouve que le π. τῶν ἀρχ. ῥητόρ. a été achevé. À deux reprises, d’ailleurs, dans le même ouvrage (ch.  xi et xiii), Denys renvoie à « son ouvrage sur Démosthène » (τῇ περὶ Δημοσθένους γραφῇ) ; cette manière de parler indique qu’il n’avait encore composé qu’un seul écrit sur Démosthène : cet écrit, d’après les renvois mêmes, n’était pas celui que nous possédons ; c’était donc le chapitre perdu de la deuxième partie des Observations sur les orateurs.
  3. Sur cette distinction, voyez Lysias, ch. xv.