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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

le plus remarquable de ses écrits. Cette fois, l’auteur s’en prend à tous ceux qui font peu de cas du style, à tous les tenants de la littérature négligée. Pour les combattre, il médite deux traités, qui embrasseront toute la doctrine du style, telle qu’elle avait été constituée depuis Aristote et Théophraste : le premier, sur le choix des mots (ἐκλογὴ ὀνομάτων) ; le second, sur la manière de les arranger dans la phrase (σύνθεσις ὀνομάτων). Il commence par le second, qu’il dédie à son jeune élève, Rufus Melitius, pour son jour de naissance, et c’est le seul qu’il semble avoir rédigé. Dans une première partie (c. 1-20), il montre, par des exemples frappants, l’importance de l’arrangement des mots ; puis, il en étudie les secrets, sans dédaigner d’entrer dans des détails minutieux sur la structure des membres de phrase, sur l’accent et sur le rythme. Une seconde partie (c. 21-24), est consacrée à la distinction des trois genres d’arrangement, d’où résulte le caractère général du style : l’arrangement sévère (αὐστηρὰ σύνθεσις), l’arrangement brillant ou fleuri (γλαφυρά ou ἀνθηρά), et l’arrangement moyen (κοινή)[1]. Enfin, dans une dernière partie (c. 25 — fin), l’auteur étudie les rapports entre la poésie et la prose, relativement à l’arrangement des mots. Plein de renseignements techniques, l’ouvrage, dans son ensemble, se recommande à quiconque veut faire une étude précise du style des écrivains grecs. Il renferme en outre un grand nombre de citations, qui nous ont conservé plusieurs fragments précieux[2].

  1. Il ne faut pas confondre, comme on le fait ordinairement, les trois genres de σύνθεσις avec les trois genres de style dont il est si fréquemment question dans la rhétorique ancienne et sur lesquels Denys lui-même s’est étendu dans son écrit Sur le style de Démosthène. Le caractère total du style (λέξεως χαρακτήρ) résulte à la fois de l’ἐκλογή et de la σύνθεσις. Celle-ci n’en est qu’un élément.
  2. En particulier l’hymne de Sappho à Aphrodite (c. 23) et une partie d’un dithyrambe perdu de Pindare (ch. xxii).