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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

fauts de la critique de Denys, à côté de ses qualités. Non seulement les reproches essentiels qu’il fait à Thucydide dénotent une inintelligence absolue du vrai rôle de l’historien et de ses devoirs, mais la manière même dont il juge son style trahit une critique trop peu habituée à tenir compte des temps.

À cet écrit se rattache, de la manière la plus étroite, la Seconde lettre à Ammæos, sur les particularités de Thucydide (Περὶ τῶν Θουκυδίδου ἰδιωμάτων). L’auteur y reprend en son entier un des passages principaux de l’écrit précédent, et, pour répondre à un désir d’Ammæos, il le justifie par des citations. C’est donc en quelque sorte une « leçon » écrite, et c’est ce que Denys indique lui-même en nous prévenant qu’il donne ici à la critique la forme « scolastique », au lieu de la forme « épidictique » (c. 4, fin). Rien ne nous fait mieux voir, d’ailleurs, combien ses jugements étaient estimés dans le cercle de ses amis, et combien on tenait à le faire expliquer en détail sur certaines hardiesses.

Outre ces écrits, venus jusqu’à nous, Denys en avait composé d’autres du même genre, qui se sont perdus. Il cite par exemple (Caract. de Thucydide, c. 2) un traité Sur la philosophie politique, dans lequel il semble avoir opposé la philosophie des orateurs, celle qui est l’aliment naturel de l’éloquence, à la philosophie des écoles, réservée aux gens du métier, et dont il faisait sans doute peu de cas. Çà et là, il annonce des ouvrages en projet ou en préparation, qui peut-être n’ont pas tous été réellement écrits[1]. Le traité Sur le choix des mots,

    Tubéron, l’achèvement de son étude sur Démosthène. Il s’agit évidemment là de la seconde partie de cette étude, περὶ τῆς πραγματικῆς Δημοσθ. δεινότητος.

  1. Par exemple, dans la préface de ses Études sur les anc. orateurs, il annonce des observations analogues sur les historiens. Dans le Jugem. sur Lysias (ch. xii et xiv), il remet certaines discussions