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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

phie ainsi conçue tendait à se rapprocher de l’histoire. C’était une géographie philosophique et humaine, qui prenait pour point de départ l’univers et la terre, mais qui aboutissait à l’homme, comme à son terme naturel. Elle devait utiliser, chemin faisant, la science astronomique et géodésique des Alexandrins, celle des Ératosthène et des Hipparque, les relations des voyageurs, des commerçants et des généraux, plus encore les récits des historiens, et en somme demander son unité et son achèvement à la réflexion personnelle de l’auteur. Voilà quel fut en gros le dessein de Strabon, inspiré à la fois, ici encore, par la lecture de Polybe et par le spectacle de l’empire romain. On ne peut nier que ce dessein n’eût en lui-même de la grandeur. Essayons de montrer ce qui en a été réalisé et aussi ce qui a manqué à l’exécution.

La Géographie de Strabon comprend dix-sept livres. L’auteur établit d’abord sa méthode, en disant ce qu’il entend par l’histoire de la géographie, qu’il rattache à Homère, et en rappelant les notions générales dont ses lecteurs ne peuvent se passer (l. I et II) ; — puis, suivant l’ordre adopté déjà par Ératosthène, il commence sa description du monde en faisant le tour de la Méditerranée par le Nord. Il parcourt l’Ibérie (Espagne), qui remplit tout le livre III ; la Celtique (Gaule), la Bretagne avec Ierné (Irlande) et Thulé, les Alpes avec les régions adjacentes (livre IV) ; — l’Italie avec la Sicile (livres V et VI) ; — remontant alors vers le Nord, il décrit plus sommairement les pays barbares entre le Rhin et le Danube, ainsi que le Nord de la péninsule des Balkans, y compris l’Épire, la Thrace et la Macédoine (livre VII[1]) ; — enfin il achève la description de l’Europe

  1. Tout le dernier tiers environ de ce livre manque dans les mss. On y supplée en partie avec les Épitome (voir Bibliogr.) et quelques citations d’Étienne de Byzance et d’Athénée.