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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

être sérieusement démontrée ; elle semble peu justifiée par la comparaison entre cet ouvrage et les fragments authentiques de l’ami d’Hérode.


Déjà, chez Nicolas de Damas, à côté de l’historien ou du prétendu historien, nous entrevoyons, ne fût-ce que par le Recueil de traits de mœurs, l’érudit curieux et le collectionneur. C’est qu’en effet, tandis que le goût du temps élargit d’un côté l’histoire en y faisant entrer tous les peuples et tous les siècles, il tend d’un autre côté à la compléter par une foule de menues informations. L’érudition alexandrine survit, très active, et elle suscite des antiquaires, des fureteurs, qui amassent des renseignements sur toute sorte de choses, pour le simple plaisir de les amasser.

Un des plus illustres représentants de cette classe de savants fut un Numide, le roi Juba[1]. Fils du roi de Numidie Juba I, qui avait combattu à Thapsus dans les rangs des Pompéiens et qui s’était donné la mort après la défaite (46 av. J.-C.), il fut emmené tout enfant à Rome et figura dans le triomphe de César. L’éducation très soignée qu’il reçut par la volonté du vainqueur fit de ce barbare un Grec des plus instruits. Tout jeune encore, il combattit avec Octave contre Antoine, et, pour le récompenser de ses services, Octave lui rendit le royaume de son père (29 av. J.-C.) ; il lui donna en outre pour femme Cléopâtre Séléné, fille de la célèbre

    a aussi attribué à Nicolas le traité pseudo-aristotélique Περὶ κόσμου ; mais cette opinion semble aujourd’hui abandonnée. Voir Susemihl, Gesch. d. Griech. Literat. in der Alexandrinerzeit, t. II, p. 326.

  1. Suidas, Ἰόβας ; Strabon, VI, p. 288 ; XVII, p. 828, 831 ; Plutarque, César, 55 ; Antoine, 87. Pline, V. I, 1. Appien, G. civ. ii, 101 ; Dion Cassius, xli, 15 ; liii, 26. Voir dans Fragm. Histor. graecor. t. III, p. 465, la notice sur Juba, et surtout La Blanchère, De rege Juba regis Jubæ filio, Paris, 1883.