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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

tituait le néopythagorisme[1]. Sous leur forme actuelle, on sent qu’ils ont été destinés à combler une des lacunes de la morale et de la religion des philosophes, en résumant leurs préceptes les plus essentiels et leurs promesses les meilleures dans quelques formules faciles à retenir. La doctrine en est religieuse et humaine ; elle recommande la piété envers les dieux, le respect des parents, la douceur, la tempérance sans ascétisme, la justice, la résignation aux maux inévitables, la réflexion indépendante sans mépris hautain de l’opinion ; elle invite le fidèle à examiner chaque soir ses actions du jour pour les juger ; elle lui prescrit aussi, mais rapidement, certains rites, certaines purifications ; et, pour prix de cette sage conduite, elle lui promet, dès à présent, une paisible sagesse et, plus tard, une immortalité bienheureuse. En somme, une sorte de memento, mal ordonné, mais contenant en abrégé les règles de la vie, l’essence de la religion et le fonds des plus précieuses espérances. Le beau commentaire qu’en a donné au ve siècle le platonicien Hiéroclès montre qu’on pouvait en tirer sans trop d’effort une philosophie complète ; il témoigne en outre du grand prix que les derniers siècles du paganisme ont attaché à ce résumé bienfaisant, et il explique le titre brillant qu’une reconnaissance et une admiration traditionnelles lui ont donné.

Les autres écrits qui viennent d’être cités sont dus certainement à des faussaires de bonne foi, dont ils nous révèlent le curieux état d’esprit. Ceux qui composaient ainsi, avec des idées empruntées à Platon, à Aristote, à Chrysippe, des traités, qu’ils attribuaient à d’anciens pythagoriciens, n’étaient pas de vulgaires trompeurs. C’étaient des hommes instruits, qui, dominés par un

  1. Müllach (Fragm. phil. gr., I, 413) les attribue à Lysis. Zeller (ouv. cité, t. I, p. 269) me paraît avoir vu beaucoup plus juste.