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TABLEAU DE CÉBÈS

le recueil tout entier. Nous en possédons 77 d’une autre collection, dont on n’a encore démontré définitivement ni l’authenticité ni la fausseté[1].

À la série des écrits pythagoriciens de ce temps doit être probablement rattachée la courte et célèbre composition allégorique connue sous le nom de Tableau de Cébès (Κέβητος πίναξ). Nos manuscrits l’attribuent au philosophe pythagoricien Cébès de Thèbes, évidemment à celui qui figure dans le Phédon de Platon, et nous voyons par diverses citations de Lucien (Salariés, 42 ; Maître de rhétorique, 6) que cette attribution était admise au second siècle[2]. En réalité, l’authenticité n’en est pas soutenable, bien qu’elle ait été longtemps admise, et même encore de notre temps ; non seulement parce que l’auteur nomme les hédoniques et les péripatéticiens (c. 13) et cite les lois de Platon (c. 33 ; cf. Lois, VII, 808 D, E), mais plus encore à cause du caractère général de l’ouvrage. Quel qu’en soit l’auteur, il est probable qu’il a voulu imiter une composition analogue du stoïcien Cléanthe[3]. Son sujet est la description et l’explication d’un tableau allégorique que deux étrangers admirent dans un temple de Cronos, où il a été consacré autrefois par un Pythagoricien (c. 1 et 2). Ce tableau est une image de la vie humaine, et l’explication qui en est donnée constitue toute une doctrine de salut[4]. L’idée essentielle, c’est que l’homme entre dans la vie, plein d’illusions (c. 5) ; il est séduit par le plaisir ou par la fausse science, et s’il s’y attache définitivement, il est perdu ; il s’y épuise et

  1. Réunies dans le Philostrate de Kayser, Bibl. Teubner, t. I, p. 356 et suiv., et dans les Epistolog. græci de Hercher, Paris, 1873 (Bibl. Didot).
  2. Voir, pour la bibliographie du sujet, Susemihl, Griech. Lit. in der Alexandrinerzeit, I, p. 25, note 66.
  3. Usener, Épicurea, Préf. LXXI.
  4. Ch. iii : Ἐὰν δέ τις γνῷ, ἀνάπαλιν ἡ μὲν ἀφροσύνη ἀπόλλυται, αὐτὸς δὲ σῷζεται καὶ μακάριος καὶ εὐδαίμων γίνεται ἐν παντὶ τῷ βίῳ.