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LE STOÏCISME

Dans ces divers écrits, s’accuse fortement la tendance profonde du néopythagorisme, celle qui en détermine le caractère essentiel. C’est une école de morale religieuse, très pure, mais inclinant au mysticisme ; une école de recueillement, de tradition, de prière, de vie intérieure harmonieuse et paisible, en union avec Dieu ; digne par conséquent de tout respect, mais peu faite pour la popularité.

IX

Tout autre était le stoïcisme. Armé pour la lutte, il eut l’honneur de constituer sous les mauvais règnes une certaine force de résistance et de représenter la protestation de la dignité humaine. Lorsqu’on se rappelle tant de pages éloquentes de Sénèque, tant de beaux vers de Perse et de Lucain, qu’il a inspirés ; lorsqu’on le voit d’autre part à l’œuvre dans certains récits de Tacite, où il apparaît comme le soutien des plus nobles oppositions et des morts les plus courageuses, on est en droit de penser qu’il a dû se montrer non moins fier ni moins militant dans les écrits grecs du même temps. Or cette attente est déçue par les faits. Pour rencontrer un stoïcien, de culture grecque, qui se soit distingué, comme écrivain et comme homme, par une personnalité tout à fait éminente, il faut aller jusqu’à Épictète, qui appartient déjà presque au siècle des Antonins. Ses prédécesseurs, les maîtres ou les amis des grands Romains du temps de Néron, sont des hommes de second ordre, très recommandables par leur caractère et même par un certain talent, mais qui ne font guère que répéter et transmettre sans éclat l’enseignement traditionnel de l’école. Deux d’entre eux seulement retiendront quelques instants notre attention.