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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE
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ence des nouvelles écoles, soit qu’ils leur empruntent des idées, soit qu’ils les combattent.

La littérature proprement dite a peu de chose à revendiquer dans l’héritage de ces philosophes. Ceci tient à la fois aux ravages du temps et à l’indifférence de quelques-uns d’entre eux pour l’art d’écrire. Mais leur action sur la pensée humaine a été si grande qu’il en est d’eux comme de Socrate, qui, sans avoir jamais écrit, doit cependant figurer dans toute histoire littéraire de la Grèce. Nous essaierons donc de tracer le tableau sommaire de leur activité, en nous arrêtant, comme il est naturel, aux écrits ou fragments qui nous en rendent encore témoignage.

Dans l’exposé de leurs idées, il est nécessaire, pour la clarté, de les répartir par écoles, et, sans négliger l’ordre chronologique, d’adopter un ordre avant tout systématique. On se ferait cependant une idée fausse de la réalité si l’on imaginait entre tous ces systèmes des séparations trop tranchées, soit dans le temps, soit dans l’espace. Plusieurs d’entre eux apparaissent simultanément. Tous vivent à côté les uns des autres. Ils s’entremêlent, s’opposent, se modifient réciproquement. Dans cette fourmilière philosophique du iiie siècle, il y a une agitation infinie et des échanges incessants. Il est difficile de tout dire, mais le lecteur doit suppléer à ce qu’un tableau sommaire ne peut lui faire voir, en se représentant tous ces hommes comme beaucoup plus près les uns des autres qu’ils ne semblent l‘être dans nos classifications, forcément artificielles par quelque endroit.

I

Après la mort de Platon, c‘est son neveu Speusippe qui devint le chef de ses disciples. Il le fut pendant huit