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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

bres de ses ouvrages, aujourd’hui perdus, citons seulement : les vingt-quatre livres Sur les lois, qui faisaient pendant au recueil des Constitutions d’Aristote[1] ; dix-huit livres Sur la physique ; seize livres sur les Opinions des physiciens ; puis des ouvrages plus courts, mais dont les titres éveillent la curiosité et les regrets : Sur les proverbes, Sur le ridicule, Sur la comédie, Sur l’action oratoire, etc.

Il nous reste aujourd’hui de Théophraste deux ouvrages complets : les Recherches sur les plantes (Περὶ φυτών ἱστορίαι), en 9 livres, et Les causes des plantes (Περὶ φυτών αἰτιῶν), en 6 livres ; en outre, les célèbres Caractères, dont la vraie nature soulève un problème assez délicat. Enfin de nombreux fragments, dont quelques-uns sont fort étendus, notamment un morceau tiré de sa Métaphysique[2], et un autre[3] (περὶ αἰσθήσεως καὶ περὶ αἰσθητῶν) qui est tout un chapitre de son ouvrage perdu sur les Opinions des Physiciens. Cet ensemble est assez considérable pour que nous puissions nous faire une idée nette de ses qualités de savant et d’écrivain.

Comme savant, Théophraste n’est pas un de ces esprits qui ouvrent des voies nouvelles. Il est plutôt de ces travailleurs habiles et actifs qui, s’engageant à la suite d’un maître dans la route frayée par son génie, l’achèvent, l’élargissent, en explorent les alentours. Dans cette tâche encore belle, il apporte de rares qualités : d’abord une information prodigieusement étendue[4], ensuite beaucoup de finesse, de bon sens, d’ordre et de clarté. Il n’a pas d’autre théorie métaphysique que celle d’Aristote ; il ne

  1. Cf. R. Dareste, Le traité des Lois de Théophraste, Paris, 1810, (extrait de la Revue de Législation) ; essai de reconstitution du plan de l’ouvrage.
  2. Fragm. XII (Wimmer).
  3. Fragm. I.
  4. Πάντων σχεδὸν ἐκτιθέμενος τὰ δόγματα, dit de lui Diogène Laërce (IX, 22, à propos de sa Physique). Cf. Plutarque (Alcib., 10), qui l’appelle : ἀνδρὶ φιληκόῳ καὶ ἱστορικῷ παρ’ ὁντινοῦν τῶν φιλοσόφων.