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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

différend, né probablement d’une jalousie littéraire, avec le sophiste Polémon[1]. Son séjour habituel, dans toute la fin de sa vie, fut Rome, bien qu’il ait exercé, sous Adrien, un sacerdoce dans sa patrie. À Rome, il réunissait autour de lui un cercle d’hommes distingués et de jeunes gens, qu’il charmait par la grâce de son langage, la variété de ses idées et de son érudition, son habileté à tourner tous les sujets vers l’utilité[2]. En outre, il tenait école de déclamation et de philosophie. Parmi ses disciples, le plus illustre fut Hérode Atticus, dont nous parlerons plus loin. Ses succès d’orateur furent grands, merveilleux même, s’il faut prendre à la lettre les témoignages facilement hyperboliques de Philostrate[3]. L’empereur Adrien l’eut en grande faveur, au moins pendant quelque temps[4]. Favorinus paraît être mort sous le règne d’Antonin.

Selon Suidas, il s’était piqué de composer autant d’écrits que Plutarque[5]. Ces écrits étaient relatifs à la philosophie, à l’histoire, à la philologie, à la rhétorique ; toutefois, il était en somme plus rhéteur que philosophe[6],

    et lui adressa peut-être une lettre Sur l’amitié. Il le loue à plusieurs reprises. Voir notamment Questions rom., XXVIII.

  1. On peut en lire les détails, bien caractéristiques du temps, dans Philostrate, V. d. Soph., chap. cité.
  2. Aulu-Gelle, XVI, 3, 1 : Cum Favorino Romæ dies plerumque totos eramus, tenebatque animos nostros homo ille fandi dulcissimus, atque eum, quoquo iret, prosequebamur : ita sermonibus usquequaque amænissimis demulcebat. — Cf. IV, 19 : Favorinus sermones in genus communes a rebus parvis et frigidis abducebat ad ea quiæ magis utile esset audire ac discere, non allata extrinsecus, non per ostentationem, sed indidem nata acceptaque.
  3. Philostr., ouv. et chap. cités.
  4. Spartien, Vie d’Adrien, ch. xvi.
  5. Suidas, notice citée. Voyez l’énumération détaillée de ces écrits ainsi que les fragments dans Marres, ouv. cité.
  6. Ibid. : Ἀνὴρ πολυμαθὴς κατὰ πᾶσαν παιδείαν, φιλοσοφίας μεστὸς, ῥητορικῇ δὲ μᾶλλον ἐπιθέμενος.