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DIVERSES ESPÈCES DE DISCOURS

ration, de remerciement, de félicitations, adressés aux grands personnages ou débités devant eux. Une des plus célèbres fut celle que Polémon prononça devant Adrien pour l’inauguration de l’Olympieion d’Athènes, achevé par ce prince. « L’Empereur, nous dit Philostrate[1], chargea Polémon de chanter l’hymne après le sacrifice (ἐφυμνῆσαι τῇ θυσίᾳ). Et lui, selon sa coutume, arrêtant d’abord ses regards sur les pensées qui déjà se présentaient à son esprit, s’abandonna ensuite aux discours (ἐπαφῆκεν ἑαυτὸν τῷ λόγῳ). Debout sur le seuil du temple, il exprima en abondance des pensées admirables, tirant son exorde de cette idée, que l’inspiration dont il était plein ne pouvait venir que d’un dieu. »

Une sorte de contrefaçon plaisante de ces éloges, qui eut grand succès dans les écoles du temps, fut le genre des compositions dites paradoxales, telles que l’Éloge du perroquet, l’Éloge de la mouche, simples jeux d’esprit qui nous paraissent puérils, mais qui donnaient à un public frivole le plaisir, très vif pour lui, d’admirer les ressources d’invention et les gentillesses inépuisables des artistes en discours qu’il aimait le plus.

Aux Μελέται, dont la définition même impliquait la recherche de l’effet et qui reposaient sur une fiction historique ou juridique ; s’opposait le genre de la Διάλεξις, qui avait quelque chose de moins apprêté dans la forme, puisque l’orateur, au lieu de jouer un rôle convenu, y parlait en son propre nom. Le sophiste qui voulait donner une séance oratoire commençait en général par une sorte de petit discours d’introduction, dans lequel il se présentait au public et cherchait à gagner sa bienveillance. C’était une διάλεξις. Il nous en reste un certain nombre de ce genre dans les œuvres de Lucien (Hérodote, Zeuxis, le Scythe, Bacchus). Le ton en est familier, l’invention

  1. V. des Soph., I, c. 25, 3.