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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

(l. III-V). Son œuvre, extrêmement admirée des Byzantins[1], a incontesta­blement des mérites d’élégance et de savoir-faire ; ses descriptions ne manquent pas de grâce ni même d’une certaine force ; au demeurant, il y a en tout cela plus de rhétorique que de véritable poésie. Oppien n’a pas d’impressions personnelles : il met en vers ce qu’il a lu, sans s’élever au-dessus d’une habile médiocrité. — Nous avons sous son nom un autre poème, les Cynégétiques (Κυνηγετικά), en quatre livres, qui serait, suivant ses biographes, une œuvre de jeunesse. Mais les Cynégétiques sont adressés à Caracalla, et par conséquent postérieurs à 211[2]. S’ils appartiennent réellement au même poète, ils ne pourraient donc, au contraire, être attribués qu’à sa vieillesse. Il vaut mieux admettre qu’ils sont d’un second Oppien. La description que l’auteur y fait de sa patrie (II, 113-138) se rapporte à la vallée de l’Oronte en Syrie, et non à la Cilicie ; de plus, l’œuvre est sensiblement inférieure en mérite littéraire au poème de la Pêche, et la facture du vers en est différente[3]. Dans un développement mal conduit, le poète traite d’abord des qualités du chasseur, des chiens et des chevaux (l. I), puis des bêtes à cornes (l. II), des bêtes féroces (l. III), enfin des différentes espèces de chasse (l. IV). Bien qu’il se donne lui-même pour un chasseur (IV, 16), il n’y a pas plus d’observation personnelle dans ce poème que dans le précédent. Lui aussi se borne à versifier ses auteurs, dont il reproduit sans critique les affirmations paradoxales[4].

  1. Voir les biographies, en particulier celle de Constantin Manassès en vers politiques.
  2. Cynégét. 1, début. Les vers 4 et suiv., qui contiennent l’éloge de Julia Domna, semblent indiquer que le poème a été composé pour la petite cour lettrée que cette impératrice avait formée.
  3. Lehrs, Quæstiones epicæ, V (De Halieuticorum et Cynegeticorum discrepantia).
  4. Les mêmes biographes attribuent aussi à un Oppien, quel qu’il soit, un poème Sur la chasse à la glu (Ἰξευτικά), que nous n’avons