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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

et Lucius Verus[1]. C’est un simple recueil de 900 récits, empruntés à divers historiens, particulièrement à Éphore et à Nicolas de Damas, dont les histoires universelles se prêtaient par leur longueur même à être ainsi dépouillées[2]. Nulle recherche originale, nulle critique, nulle expérience personnelle des choses de la guerre[3]. L’auteur n’a voulu qu’offrir à ses lecteurs des récits amusants ou intéressants. Ces récits, il n’a même pas cherché à les grouper d’une manière intelligente ; l’ordonnance du livre est fondée sur des ressemblances purement extérieures ; ruses des Romains, ruses des Macédoniens, ruses des barbares, ruses des femmes, etc. Le seul mérite de cet amalgame, c’est qu’il nous a transmis un certain nombre de faits dont l’histoire ne peut se désintéresser.

À Polyænos, on peut joindre quelques représentants contemporains de la littérature militaire, sur lesquels nous n’avons pas à insister. Apollodore de Damas, célèbre architecte, à qui Trajan confia l’exécution d’un grand nombre de ses édifices, avait composé un écrit dédié à l’empereur Adrien et intitulé Poliorcétiques (Πολιορκητικά). Il nous en reste un extrait[4]. — Vers le même temps, un certain Élien, qui nous est d’ailleurs à peu près inconnu, écrivait une Théorie de la tactique (Τακτική θεορία), dont le style soigné, bien que parfois obscur, dénote une véritable culture littéraire[5].

  1. Ms. principal Laurentianus, 56, 1. — Édition en usage : Polyænus, rec. Wolfflin-Melber, bibl. Teubner.
  2. Melber, Ueber Quellen und Wert der Strategemensammlung Polyæns (Jahrb. f. Phil., Suppl., XIV). Von Knott, De fide et fontibus Polyæni, Lipsiæ, 1883.
  3. Il était avocat. Voy. l. VIII, préface.
  4. Wescher, Poliorcétique des Grecs, Paris, 1867, p. 197-193. Cf. Lacoste, Revue des Études grecques, t. III, p. 230 et suiv.
  5. Édité par Koechly dans ses Kriegeschriftsteller, Leipzig, 1895, 2e partie. Sur les rapports de la tactique d’Élien avec celle d’Arrien et sur les auteurs suivis par Élien, voir plus haut, p. 665.