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GALIEN

y suivre les leçons de Pélops ; il se proposait d’y entendre en même temps le platonicien Albinos[1]. Pélops était un dogmatique, et ce fut lui qui eut le plus d’influence sur la direction générale des idées de Galien. Mais Smyrne ne le retint pas définitivement. Avide de s’instruire, il se rend bientôt à Alexandrie, qui était depuis plusieurs siècles un des centres d’études médicales les plus célèbres. Puis, d’Alexandrie, il vient à Rome, comme dans le lieu du monde où affluaient le plus de savants et où se faisaient les réputations. Il était fort jeune encore[2], car ce voyage eut lieu sans doute vers la fin du règne d’Antonin, — mais c’était déjà un maître. Il fit là un cours de médecine pour les jeunes gens, qui eut, nous dit-il, grand succès. En outre, il donnait des conférences, où il ne craignait pas d’engager des polémiques avec les principaux représentants des écoles rivales[3]. Nous ignorons la durée exacte de ce premier séjour à Rome. Quand il s’en éloigna, ce fut pour revenir dans sa patrie ; et peut-être est-ce alors qu’il fut attaché, comme médecin et chirurgien, à la schola gladiatorum qui s’y trouvait. En tout cas, sa réputation grandissait. Car en 165, à l’âge de trente-quatre ans, nous le voyons rappelé à Rome par les empereurs Marc-Aurèle et L. Verus[4]. Il y séjourne trois ans. Moins épris alors d’applaudissements, il ne se prodiguait plus en public, mais il se livrait avec un succès croissant à la pratique de son art. En 168, les débuts de la peste qui allait ravager l’empire

  1. Sur l’ordre de ses écrits, c. 3, et Sur ses propres ouvrages, c. 2.
  2. Sur ses propres ouvrages, c. 1. Νέος ὢν ἔτι (III. p. 96, l. 5, Müller). La phrase semble altérée par une transposition, qui, je crois, n’a pas encore été signalée. Les mots τέταρτον ἔτος ἄγων καὶ τριακοστόν doivent être transportés dans la phrase suivante et se rapportent au second séjour. L’ensemble du passage le démontre.
  3. Voir tout le chapitre cité, qui est plein de détails curieux.
  4. Sur ses propres ouvrages, c. 4. Lucius Verus était alors en Orient, mais l’expression ὑπὸ τῶν βασιλέων désigne naturellement un acte de l’autorité impériale, qui est censé commun aux deux empereurs.