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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

cette histoire se réduit pour le moment a une ébauche assez confuse.

C’est vers le milieu du ier siècle de notre ère que se place l’apparition du premier ouvrage où se montrent réunis les caractères constitutifs du genre[1]. Cet ouvrage, dont un fragment a été retrouvé récemment en Égypte sur un papyrus, était une sorte de roman historique, composé au plus tard vers l’an 50 ap. J.-C., peut-être plus tôt, et qui avait pour sujet, semble-t-il, les amours de Ninus et de Sémiramis[2]. Bien que le fragment soit court, nous voyons que l’histoire y était traitée avec une extrême liberté. Ctésias, probablement, avait fourni à l’auteur une aventure d’amour ; il la développait à sa manière, en conversations, en descriptions, en récits. Ninus était pour lui un jeune garçon doué des meilleures qualités ; sa Sémiramis ne devait pas être une jeune fille moins accomplie. Sur cette donnée, on pouvait disserter, raconter, discourir, créer des incidents de toute sorte, en un mot mettre en œuvre tous les procédés de l’école, et c’est sans doute ce qu’il avait fait.

Au même temps, à peu près, semble appartenir le roman d’Antonius Diogène intitulé les Merveilles d’au-delà de Thulé (Τὰ ὑπὲρ Θούλην ἄπιστα), en 24 livres[3]. — La date en est déterminée approximativement par les faits suivants. Lucien, selon Photius, l’a imité dans son Histoire vraie ; il a donc été écrit au plus tard vers

  1. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu antérieurement d’autres ouvrages analogues. Le roman a pu prendre naissance un siècle ou deux plus tôt, sans que nous en saisissions la trace.
  2. Ce papyrus appartient à la section égyptienne du musée de Berlin. Il a été décrit et analysé par U. Wilcken dans l’Hermes, 1893, 2e fasc.
  3. Photius, Bibl., 166 ; E. Rohde, Griech. Rom., p. 254 sqq. ; Pauly-Wissowa, art. Antonius Diogenes, t. I, p. 2615.