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LE ROMAN ; LONGUS

che des œuvres dont nous venons de nous occuper. Mieux vaut ne pas l’en séparer dans notre étude.

Par ses origines, la pastorale romanesque se rattache à l’idylle bucolique des Alexandrins. Elle a dû naître des souvenirs de Théocrite, de Bion et de Moschos ; et, en un certain sens, elle peut être considérée comme une résurrection de ce genre disparu, sous la forme nouvelle d’un récit en prose. La période de l’empire, par suite du développement de la vie urbaine, avait vu, dès ses débuts, se ranimer le goût des fictions rustiques. La philosophie du temps, détachée par principe du luxe et des habitudes mondaines, secondait ce mouvement spontané des esprits. Musonius, au premier siècle, recommandait l’agriculture et le séjour aux champs comme la meilleure vie et la plus saine. Dion de Pruse, un peu plus tard, se plaisait, dans son Euboïque, à peindre les mœurs pures et simples de deux familles isolées au milieu des bois et vivant la de la chasse ou du travail de la terre. Naturellement, les purs littérateurs, toujours à l’affût de la mode, suivaient. Alkiphron vers le milieu du second siècle, Élien, au début du troisième, composaient des lettres de campagnards. La sophistique mettait au nombre de ses exercices, soit les lettres de ce genre, soit les descriptions de sites pittoresques. À quel moment au juste entreprit-on pour la première fois de transporter cette mode dans le roman ? nous l’ignorons. Pour nous, l’œuvre de Longus est à la fois la première et la dernière de son espèce, et nous ne savons même pas quand elle fut composée.

L’auteur semble avoir été un sophiste, originaire de Lesbos[1]. On a cru pouvoir conjecturer, sans preuve bien solide d’ailleurs, qu’il a fait quelques emprunts à Alkiphron et qu’il a été imité à son tour par Achille Tatios[2] ;

  1. Voir l’avant-propos de sa pastorale.
  2. Rohde, Griech. R., p. 302 sqq.