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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

ques. Le xe est tout entier pour Épicure et les Épicuriens. Dans tout cela, ni plan réfléchi, ni pensée philosophique ; et nul mérite, ni d’écrivain, ni de critique. Diogène a dépouillé d’autres ouvrages, c’est tout son rôle[1]. La valeur de son livre consiste dans la grande quantité de faits qu’il nous a conservés. S’il a droit de figurer parmi les œuvres littéraires, c’est donc seulement en raison du dessein qui l’a inspiré et de l’influence qu’il a exercée : tout imparfait qu’il est, il a contribué à établir que la philosophie doit avoir son histoire, et il a suggéré à d’autres l’idée de l’écrire.

VII

Le seul effort de création vraiment original qui ait été fait par l’esprit grec au iii, c’est celui des Néoplatoniciens[2].

Depuis longtemps, quelque chose en fait de philosophie se préparait. Les vieilles doctrines s’étaient peu à peu rapprochées ; elles tendaient à se fondre les unes dans les autres, en absorbant ce qui subsistait des anciennes religions helléniques et en attirant certains éléments des croyances nouvelles. Une synthèse était nécessaire, mais elle se faisait attendre. Elle avait apparu, imparfaite, timide, confuse encore, chez un Philon, un Plutarque, un Nouménios. Au commencement du iiie siècle,

  1. Les deux ouvrages dont il paraît s’être le plus servi sont l’Ἐπιδρομὴ φιλοσόφων (Epidrophê philosophon) de Dioclès de Magnésie, écrivain du ier siècle av. J.-C., et la παντοδαπὴ ἱστορία (pantodapê historia) de Favorinus. Voir Fr. Nietzsche, De Laertii fontibus, Rhein. Mus., t. XXIII, XXIV, XXV ; V. Egger, De fontibus Diogenis Laertii, Bordeaux, 1881.
  2. J. Simon, Hist. de l’École d’Alexandrie, 2 vol., Paris, 1845 ; Vacherot, Hist. de l’École d’Alexandrie, 3 vol., Paris, 1846, 1851 ; Zeller, Phil. d. Griechen, t. V, p. 418 et suiv. ; Chaignet, Hist. de la psychol. des Grecs, 5 vol., Paris, 1893 ; le tome IV est consacré à la psychologie de Plotin.