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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

toute son œuvre a le caractère d’une improvisation brillante et inégale, qu’un esprit supérieur a développée au jour le jour, où il a jeté abondamment ses vues personnelles, sa science, ses souvenirs, ses conceptions naissantes, mais qui manque de je ne sais quelle force intime d’organisation et d’achèvement. Il suffira de la parcourir rapidement pour en donner l’impression.

Dans l’immense collection de ses écrits, en partie perdus, distinguons d’abord les ouvrages d’enseignement dogmatique[1]. Le seul dont nous puissions juger est le Traité des Principes, encore représenté par des chapitres entiers. Les principes qui donnaient leur nom à l’ouvrage étaient ceux de la croyance chrétienne : la nature de Dieu, celle de l’homme, la chute et la rédemption, la liberté et la grâce, l’autorité des Écritures. Il nous reste un important chapitre du livre III sur la liberté, et un autre du livre IV sur l’interprétation des Écritures. Le premier est d’une philosophie claire, d’une dialectique facile et ingénieuse, mais qui ne vont pas au fond des choses. Dans le second, Origène fait la théorie définitive de l’interprétation allégorique, qui, grâce à lui, est devenue comme le signe propre de l’école exégétique d’Alexandrie. Il y pose la distinction du sens matériel et du sens spirituel. En le faisant, il ne paraît se soucier ni des objections ni des conséquences possibles ; il enseigne plus qu’il ne discute, avec un dogmatisme modeste, mais confiant en son principe, qui se satisfait trop aisément par la clarté de ses déductions. Au fond, sa théorie, renouvelée de Philon, et consistant à soutenir qu’un même texte dit deux choses à la fois, ou même qu’il ne

  1. Sur la résurrection, quelques fragments seulement. Les Stromates, en dix livres, perdus entièrement. Sur les Principes (Περὶ ἀρχῶν (Peri archôn)), en quatre livres, composé à Alexandrie avant 231 ; fragments importants, surtout les chapitres conservés dans la Philocalie, recueil d’extraits d’Origène, dû à Basile et à Grégoire de Nazianze.