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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

en raison de leur abondance, de l’érudition dont ils sont pleins, des vues ingénieuses et philosophiques qui y sont partout répandues, n’ont cessé d’être considérés comme un des monuments de la littérature ecclésiastique. Selon que les docteurs chrétiens tenaient ou non pour l’interprétation allégorique et l’hellénisme, ils les ont exaltés ou combattus. Quoi qu’on en pense, on ne peut nier qu’ils n’aient contribué à faire entrer dans la théologie chrétienne plus de philosophie grecque qu’aucun autre ouvrage. Mais si l’on y cherche surtout la personnalité de l’auteur, il faut reconnaître qu’elle est loin de s’y manifester avec la force qu’on pourrait attendre. La philosophie d’Origène n’est pas une création originale, une doctrine marquée de son empreinte et qui demeure comme un système coordonné[1]. C’est une appropriation partielle et incomplète de vues diverses à des textes qui ne les admettent pas toujours. Et la forme de ces commentaires n’a rien non plus qui s’impose à l’attention. Une manière discursive et facile, souvent prolixe, qui sent l’enseignement, point de souci de condenser la pensée, point de recherche de l’expression vraiment propre et précise, et fort peu de traces de cette spontanéité vive qui seule aurait pu vivifier une langue négligée. On ne saurait tirer de toute la collection une de ces pages pleines et durables, toujours nouvelles, et où l’âme parle à l’âme.

Les Homélies, par leur nature même, offrent plus d’intérêt à l’historien de la littérature. Car elles sont, comme on l’a dit, « les premiers spécimens de l’éloquence de la chaire[2]. » Il nous en reste une vingtaine en grec, sans parler des fragments et des traductions : c’est un ensemble assez important. Par le fond et la méthode, elles

  1. J. Denis, Philosophie d’Origène, Paris, 1884.
  2. Batiffol, p. 173.