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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

Outre cette grande histoire perdue, Eunape écrivit, au commencement du ve siècle, sous le titre de Vies de Philosophes et de Sophistes, vingt-trois biographies que nous possédons encore. Ce sont celles des principaux représentants de l’école néoplatonicienne, ses maîtres ou ses amis, et d’un certain nombre de rhéteurs du temps : Plotin, Porphyre, Jamblique, Ædésios, Maxime, Priscus, Julien de Cappadoce, Prohærésios, Epiphanios, Himérios, Libanios, Oribase, Chrysanthios, etc. Bien que nous devions à ce livre quelques informations qui ont leur valeur, il faut dire nettement qu’il n’y a là ni critique, ni composition, ni style. Des commérages confus, une crédulité superstitieuse poussée jusqu’à l’absurde, un jargon de rhétorique insipide, des hyperboles puériles, des partis pris évidents, des digressions incessantes : véritable collection des défauts de l’esprit du temps, qu’on ne saurait imaginer plus complète. Comparé à Eunape, Philostrate l’Athénien paraît un écrivain de valeur. L’auteur se révèle là, plus encore que dans son histoire, avec sa ferveur de néoplatonicien béat et ses affectations insupportables de sophiste.

Le dernier écrivain de ce groupe, Olympiodore, de Thèbes en Égypte, appartient plus au ve siècle qu’au ive[1]. Mais il est difficile de le séparer d’Eunape, dont il a continué l’œuvre historique. Tout ce que nous savons de lui, c’est qu’il exerça des charges sous Arcadius et Théodose II. Son histoire, dédiée à ce dernier empereur, faisait immédiatement suite à celle d’Eunape et s’étendait jusqu’à l’année 425. Elle ne comprenait donc que

    révision qui eut pour but d’en faire disparaître les passages les plus offensants pour le christianisme. On s’explique ainsi que Photius parle de deux éditions, dont une montrait une hostilité plus accusée.

  1. Phot., cod. 80. C. Müller, Fragm. Hist. gr., t. IV, p. 57 ; Dindorf, Hist. Gr. min., I, p. 450.