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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

mort un peu avant Constantin, vers 335 environ[1]. Mais il semble qu’il y ait là une erreur du biographe. Car nous avons des lettres de Julien à Jamblique, qui présentent tous les caractères de l’authenticité, et Julien, comme on le sait, naquit seulement en 331[2]. Il est donc probable que la vie de Jamblique s’est prolongée jusque vers le milieu du siècle. Mais son école paraît s’être dispersée vers la fin du règne de Constantin ; et le maître lui-même, devenu sans doute suspect au christianisme intolérant de Constance, se tint dès lors dans la retraite et dans le silence.

Tout absorbé par ses spéculations, Jamblique ne se piquait pas d’être écrivain. Il jetait ses idées sans souci d’élégance, ni même de correction. Ce n’était d’ailleurs rien moins qu’un penseur original, sa principale préoccupation étant d’adapter les doctrines de ses devanciers aux besoins de sa dévotion. Une série d’écrits, assemblés en sept livres, se rapportaient à la philosophie de Pythagore (Συναγωγὴ τῶν Πυθαγορείων δογμάτων) ; nous en possédons encore cinq livres. Ce sont : le Traité de la vie pythagorique (Περὶ τοῦ Πυθαγοριϰοῦ βίου)[3] ; l’Exhortation de la philosophie (Προτρεπτιϰὸς εἰς φιλοσοφίαν)[4] ;

  1. Eunape, Vies des Philos., Ædésios, p. 461-62, Didot.
  2. On admet communément que ces lettres sont adressées à un autre Jamblique, neveu du premier : voir, pour la bibliographie de la question, E. Zeller, cité, p. 679, note 2. Mais Zeller a très justement fait observer que cela est impossible et que le personnage désigné dans ces lettres ne peut être que l’oncle ; il a conclu de là que les lettres n’étaient pas authentiques. Elles ne me paraissent pas se prêter à cette opinion. J’aime mieux croire qu’Eunape, fort indifférent à la chronologie, s’est trompé sur la date de la mort de Jamblique. Celui-ci d’ailleurs, après la disgrâce et le supplice de son disciple Sopater, dut se faire oublier le plus possible.
  3. Publié par Kiessling, Leipzig, 1816, et par Westermann à la suite du Diog. Laërce de la Bibl. Didot, Paris, 1850.
  4. Jamblichi Protrepticus, ad fidem codic. Florentini edid. H. Pistelli, Bibl. Teubner, Lipsiæ, 1893.