Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/957

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
939
BASILE

cences de la littérature classique et de celles des Écritures, il mêle ces deux éléments avec une grâce et une aisance remarquables. Par l’allure de sa phrase et le choix ordinaire des expressions, par la clarté, le bon goût, le tour dégagé du raisonnement, il procède, comme Plutarque, des divers prosateurs attiques, dont il mélange les tons ; mais il se garde mieux que Plutarque du jargon des écoles philosophiques ; et il a, en outre, un instinct poétique, nourri par la Bible, qui donne à sa langue une couleur neuve. Ses formes de développement lui viennent des écoles de rhétorique du temps ; elles rappellent, à deux siècles de distance, celles de Dion de Pruse : il aime, comme lui, les comparaisons fréquentes, les images, les exemples, les traits descriptifs. Mais tout cela, chez Basile, n’est point artificiel ni frivole. Ce sont des moyens dont il se sert pour faire valoir des pensées sérieuses ; bien loin d’étaler son esprit, il s’oublie naturellement lui-même ; jamais on ne le voit jouer avec les idées. Toute vaine virtuosité lui est étrangère. S’il est séduisant, il est en même temps grave, et sincère. Entre les écrivains chrétiens du temps, c’est le plus simple, et le plus noble pourtant dans sa simplicité.

XI

Grégoire de Nazianze est inséparable de Basile, auquel il fut uni d’une tendre et inaltérable amitié. Rapprochés, en outre, par la communauté des idées et par la parenté du génie, associés constamment dans les mêmes efforts, engagés dans les mêmes luttes, ils diffèrent pourtant l’un de l’autre très notablement par le caractère et par le tour d’esprit. Basile était un homme d’action, que la solitude charmait quelque fois, mais qu’elle