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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

per. Spirituel et brillant, il fréquentait alors le monde et se plaisait même au théâtre[1]. Mais cette période profane fut de courte durée. Ses réflexions personnelles et les conseils d’un ami intime, nommé Basile, dont il nous parle avec beaucoup de charme, le tournèrent très jeune encore vers l’ascétisme[2]. Il semble l’avoir pratiqué d’abord sans quitter Antioche, vivant chez lui d’une vie austère, s’adonnant à l’étude et à la méditation des Écritures, et suivant les leçons de Diodore et de Cartérios, en compagnie de Théodore, le futur évêque de Mopsueste. Sa haute réputation, la situation de sa famille, l’influence de ses amis le désignaient dès lors pour l’épiscopat[3] ; mais il sut se dérober à cet honneur, tout en le faisant conférer à son ami Basile. Lui-même, quittant la ville vers 375, se retirait dans les montagnes qui l’avoisinaient, et il y passait d’abord quatre ans sous la direction d’un vieux moine, puis deux ans, seul, dans une grotte[4]. C’est à cette première période de sa vie religieuse, entre 370 et 381 environ, période de retraite et d’ascétisme, qu’appartiennent plusieurs traités dont nous parlerons plus loin. On y sent, sous la beauté de la forme, un manque de mesure, une certaine exagération de doctrine, qui trahissent, en dehors d’une tendance naturelle, l’intransigeance et la logique outrée d’un esprit que la vie n’a pas encore mûri.

En 381, Jean, revenu à Antioche et âgé d’environ trente-cinq ans, est ordonné diacre par l’évêque Mélèce : cinq ans plus tard, l’évêque Flavien fait de lui un prêtre. Pendant plus de dix ans, jusqu’en 397, il vit à côté

  1. Sacerdoce, I, 2-4.
  2. Même ouvr., 1, 3-4. Ce Basile ne doit pas être confondu, bien entendu, avec le grand Basile, plus âgé d’une quinzaine d’années environ.
  3. Même ouvrage, II, 8.
  4. Pallad., Dial., ch. v.