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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

toutes à la période de l’exil. Écrites, pour la plupart, de Cucusse, elles s’adressent aux amis nombreux que l’évêque avait laissés derrière lui, soit à Antioche, soit à Constantinople, en particulier à la diaconesse Olympia, et elles ont pour objet de soutenir leur courage par des considérations de piété. Si elles nous apprennent peu de chose sur les événements du temps, elles montrent sous le plus noble aspect le caractère de l’exilé, aussi incapable de faiblesse que de haine. Quelques autres ont trait aux missions qu’il encourageait ou projetait ; malgré la vieillesse et la proscription, son zèle s’y laisse voir aussi ardent que jamais.

XIV

Dans cette œuvre immense, Chrysostome a fait peu de théologie, mais beaucoup de morale. C’est comme moraliste et comme orateur qu’il appartient à l’histoire littéraire.

Ce qui frappe d’abord dans son éloquence, c’est la vive représentation des mœurs et des choses du temps[1]. Nullement rêveur ni contemplatif, toujours préoccupé du bien à faire, et, avec cela, doué d’un regard prompt et clairvoyant, il a dû, dès sa jeunesse, jeter les yeux autour de lui ; et à mesure qu’il s’est montré plus attaché par profession à l’amélioration de ses frères, il a été amené à noter avec plus de précision les défauts, les vices, les habitudes mauvaises, les préjugés sociaux, les excuses communes, et, d’une manière générale, la contradiction secrète, mais incessante, que le monde opposait au christianisme tel qu’il l’avait conçu. C’est là le point de vue spécial d’où il regarde les choses. De curiosité morale, à proprement parler, il n’y en a

  1. Voir spécialement sur ce sujet l’ouvrage cité de A. Puech.