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VUE GÉNÉRALE

relles théologiques, conciles, excommunications et anathèmes, voilà désormais la grande affaire du monde. Les esprits actifs, les caractères ambitieux et énergiques se jettent dans cette mêlée et s’y perdent. Au milieu de ces clameurs et de ces disputes subtiles, le sens du beau s’oblitère, le goût désintéressé du vrai disparaît.

Vaine agitation d’un côté, retraite et mysticisme ascétique de l’autre. Ceux que rebute ce tumulte se donnent au rêve, à la solitude. Païens, ils compulsent les vieux livres, ils les commentent, sans dessein précis, sans ambition intellectuelle, parce qu’on a fait ainsi avant eux, parce qu’il faut bien faire quelque chose, parce qu’ils y trouvent encore plaisir et repos d’esprit ; quelques-uns, comme Proclos et les siens, continuent la méditation abstraite du néoplatonisme, qui ne mène à rien, qui n’ouvre pas d’horizons à la recherche, mais qui les rattache à un admirable passé et qui les console du présent. Chrétiens, ils·se font moines, ils habitent par l’esprit et par le cœur dans une région surnaturelle, ils travaillent à l’anéantissement de ce qui est proprement humain.

L’hellénisme se réduit donc de jour en jour dans cette société, où il est supplanté par un christianisme éristique ou ascétique. L’exposé sommaire de cette lente extinction est le sujet de ce dernier chapitre. Il nous sera permis, pour observer la proportion générale de notre composition, de passer ici très vite sur bien des choses. Nous ne dressons pas un répertoire de noms, nous essayons d’écrire une histoire.

Par suite aussi, nous ne nous sentons pas obligés d’aboutir à une date précise, ni de dire au juste en quelle année et à quel jour finit l’hellénisme. En réalité, personne ne saurait dire quand finit dans l’humanité une certaine forme de culture intellectuelle et morale, ni même si elle finit absolument, ce qui en soi est peu vraisemblable. L’hellénisme a disparu peu à peu, s’il a disparu ; mais