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HERMÉSIANAX, PHANOCLÈS, ETC.

puérilité romanesque du thème, érudition à la fois pédantesque et frivole, riche de mots et insoucieuse de la vérité ; le tout écrit dans une langue plus laborieuse que vraiment élégante. Il est curieux de rencontrer tout d’abord, dans l’entourage immédiat de Philétas, un exemplaire aussi accompli des défauts qui menaçaient désormais la poésie.


Phanoclès, vers le même temps[1], avait composé un poème élégiaque intitulé Les amours, ou les beaux éphèbes (Ἔρωτες ἢ καλοὶ). Il y racontait, comme Hermésianax, en vers élégiaques, d’antiques légendes. Vingt-huit vers sur la mort d’Orphée, qu’il attribue à la jalousie excitée chez les femmes thraces par l’amour du poète pour le beau Calaïs, nous ont été conservés par Stobée[2]. Le morceau ne manque pas d’une certaine grâce mélancolique : on comprend qu’il ait pu inspirer Virgile. Les deux premiers mots du fragment, ἢ ὡς… (ou comment), imités du célèbre à ἢ οἵη d’Hésiode, laissent encore entrevoir le procédé de composition, la forme d’énumération artificielle.


Alexandre d’Étolie est encore un de ces fondateurs de l’élégie alexandrine et probablement un des disciples de Philétas[3]. Comme Philétas, il était grammairien et poète. Philadelphe le fit venir à Alexandrie pour travailler à l’organisation de la bibliothèque : c’est à lui que fut confiée la révision des œuvres tragiques[4]. Ses œuvres poétiques étaient variées. Il avait composé des

  1. Clément d’Alex., Strom. VI, p. 750. Cf. Couat, p. 99.
  2. Stobée, Florileg., LXIV, 14. Cf. Anthol. de Jacobs, t. I, p. 204.
  3. Suidas, Ἀλέξανδρος Αἰτωλός. Cf. Couat, p. 105-110. — Susemihl (I, p. 181), après Meineke, croit le reconnaître dans le Tityros dont parle un personnage de Théocrite (VII, 12).
  4. Anonyme De Comædia, dans les Anecdota de Cramer, I, p. 6.