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? — K. Z. W. R. — 13

— On ne pense pas à tout…

— J’avais aussi une autre raison.

— Laquelle, fit Suttner ?

— Mais Dieu me pardonne, c’est un interrogatoire que vous me faites subir ?

— Vous voulez rire, mon cher ami, mais dans tout ce que vous nous dites, il peut y avoir un fait — jugé insignifiant par vous — qui nous mette sur la voie. N’omettez donc rien, et ne vous offensez d’aucune de nos questions.

— Donc, je revins vers Brownsville, décidé à prendre la première voiture que je rencontrerais, la mienne allant trop lentement, quand à peu près à moitié route, c’est-à-dire à une dizaine, de kilomètres d’ici, une panne de moteur se produisit.

— Elle dura au moins quarante minutes ? dit Stockton.

— Presque. Vous devinez si je frémissais de rage, mais quoi faire ?

— Téléphoner.

— J’étais en rase campagne, à trois ou quatre kilomètres de toute habitation, et puis je croyais toujours que le mécanisme allait être réparé d’une minute à l’autre ou qu’un auto allait passer ; enfin, quand le moteur put être mis en marche, nous repartîmes le plus vite possible, et j’arrivai ici.

— Je pense, dit Stockton, que votre premier soin a été de renvoyer votre wattman ?

— Certes. Je lui ai donné un billet de cinq dollars, heureux de quitter ce sabot. Ah, j’étais loin de me douter de l’horrible nouvelle qui m’attendait ici ! Mais en tout cas, il faut…

Et Weld se dirigeait vers le téléphone

— Vous voulez prévenir miss Cecil ?

— Oui, car elle doit être dans une mortelle inquiétude.

— Inutile, elle est prévenue.

— De ce qui m’est arrivé ?

— Non, car personne ici ne connaissait rien de votre retard à vous rendre près d’elle. Elle s’est informée, nous lui avons annoncé la mort de Jarvis…

— Et ?

— Et elle doit être en route.

— Elle vient… et seule ?

— Le général l’accompagne.

— Sans doute la mort de Jarvis l’effraie lui aussi. Le coffre contient tant de choses précieuses. Il est fermé heureusement ! Je vous dirai que l’oubli, ou la perte de mes clefs, m’a moi même tellement inquiété…

— Pardon, monsieur, dit Henderson, il est possible que vous ayez perdu vos clefs, mais vous les avez bien emportées d’ici en quittant le bureau à deux heures trois quarts…

— Vous êtes sûr ?

— Rappelez-vous, je vous ai averti que vous les laissiez sur votre tiroir, vous les avez enlevées et mises dans la poche de votre pardessus.

— Vous avez raison… oui, je me rappelle, ce que vous dites confirme mes soupçons. Je n’étais pas absolument sûr de les avoir emportées. Je suis parti très précipitamment, ennuyé, craignant d’être retenu par Obrig, l’agent de change, qui insistait pour me parler ; quand je suis sorti de la banque j’ai eu la sensation très nette que quelqu’un me bousculait ; sur le moment je n’y ai pas porté grande attention, cependant j’ai regardé si j’avais encore ma montre et ma main s’est portée sur le côté de ma redingote où se trouve la poche de mon portefeuille. J’ai senti que j’avais ce dernier. Cela a été de ma part plutôt machinal. Puisque j’avais