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? — K. Z. W. R. — 13

Weld était resté accablé sur le siège où il était tombé.

Suttner le regarda en silence, puis il alla conférer quelques instants avec Stockton et Boulard restés seuls avec eux dans le bureau. Après quelques paroles échangées à voix basse, il revint, posa la main sur l’épaule de Georges, et comme celui-ci se levait brusquement, demandant :

— Que voulez-vous ?

— Écoutez, Weld, quelques présomptions que j’aie de vous croire coupable, malgré les charges très graves qui pèsent sur vous, je ne veux pas oublier en un moment, et quoiqu’il soit arrivé, notre ancienne amitié. Si je vous faisais arrêter maintenant ce serait un scandale irrémédiable. Même si, par la suite, vous parveniez à prouver votre innocence, il resterait — vous connaissez l’esprit des hommes — il resterait, dis-je, toujours un doute sur votre conduite, sans compter que la nouvelle de votre arrestation aurait certainement une influence désastreuse sur les affaires de votre banque. Ce serait la ruine pour vous et pour vos commanditaires. Je veux vous épargner cela à tout prix tant que je le pourrai et chercher, d’accord avec vous, à établir la vérité. Le voulez-vous ainsi ?

— Ah ! Suttner, vous me le demandez ! Mon cœur est plein de reconnaissance pour vous. Je consens à tout ce que vous désirez.

— Bien. Notez, Weld, que je n’ai pas absolument ce droit. Mais j’ai interrogé ma conscience et j’ai la certitude que j’agirais encore ainsi envers tout autre prévenu se trouvant dans votre situation, même si ce prévenu n’était pas mon ami. Autre chose : la loi, que je dois respecter avant tout, me commande de ne me charger de l’instruction d’aucune affaire, et au besoin de la remettre à un autre juge, si par suite d’une affection quelconque, je ne puis rester impartial. Je dois donc me garder contre moi-même. Je viens de demander à ces messieurs — et le juge d’instruction désignait Stockton et Boulard — d’être les témoins de tout ce qui va se passer ici. Je leur demande aussi d’intervenir si je manquais à mon devoir et de me le rappeler. Ils pourront, du reste, avec la grande habitude qu’ils ont des affaires criminelles, nous aider puissamment. Acceptez-vous leur concours ?

— Je fais plus que de l’accepter, je le réclame.

— Voici donc un point établi : autre chose encore. Je vais entendre des témoignages et pour que nous ne puissions pas être trahis par notre mémoire, ni les uns, ni les autres, il est utile, je le crois, du moins, que je fasse sténographier tous les interrogatoires. Or, ce document peut être une charge accablante contre vous. M’autorisez-vous à agir ainsi ?

— Faites ce que vous voudrez, je souscris à tout.

— Enfin vous avez le droit d’être assisté d’un avocat, et je ne devrais vous interroger qu’en sa présence… Renoncez-vous à votre droit ?

— Fort de mon innocence, je déclare renoncer à toutes les prérogatives que la loi accorde aux prévenus et je m’en remets à vous, à ces messieurs, du soin de me disculper.

— Veuillez me donner cette déclaration par écrit.

— J’allais vous le proposer. Et Georges, attirant à lui du papier, écrivit sur le bureau de Jarvis la déclaration qu’on lui demandait.

— Dites donc, Stockton, dit Marius au détective, vous semble-t-il