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pend du nombre de condamnations obtenues. Ah ! elle est belle la parole : « J’aimerais mieux relâcher dix coupables que de condamner un seul innocent », mais combien peu de magistrats s’en inspirent !

— Ici, il en est autrement. Nous sommes dans un pays de liberté : même avant d’être interrogé pour la première fois, un inculpé a le droit de voir son avocat à toute heure du jour et de prendre son conseil.

Quand nous sommes, nous autres détectives requis d’arrêter quelqu’un, nous admettons fort bien que celui à qui nous mettons la main au collet n’est pas nécessairement coupable.

Nous ne sommes pas hantés nous, de cette « phobie » de la culpabilité de nos « clients » comme vous autres, de la justice française.

— Vous êtes cruel.

— Oseriez-vous me contredire ? Allons, ne vous étonnez pas de la façon dont le juge conduit l’affaire. D’autres surprises vous attendent encore. Vous n’aurez pas davantage à être « estomaqué » comme vous dites, si le juge, bien que présumant Weld coupable, mais n’en étant pas absolument convaincu, admette fort bien de mettre Weld en liberté provisoire, sans caution. Le banquier continuera dès lors sa vie habituelle et croyez bien que si la fête de ses fiançailles avait lieu pendant cette période, ce ne serait pas l’instruction en cours qui empêcherait Suttner d’aller à Kendall blouse ce jour-là.

— Vous exagérez…

— Je n’exagère pas, et je pourrais vous citer des exemples, mais chut, écoutons, Suttner a fini l’étude des documents, l’interrogatoire va commencer.

— Je viens de relire tous ces rapports, et tous ces interrogatoires faits avant votre arrivée, et je vais vous les résumer. Si j’omettais quelque détail, comme le moindre peut avoir de l’importance continua le juge, en s’adressant à Stockton et à Marius, vous voudriez bien me le faire remarquer.

— Certes. Vous écoutez, Weld ?

— Je vous écoute.

— Voici donc exactement ce qui s’est passé : À trois heures trois quarts à peu près, le chef du personnel des garçons et huissiers de la banque, Henderson, étonné de ne pas voir sortir comme d’habitude le samedi vers trois heures et quart, trois heures et demie, votre fondé de pouvoirs, monsieur Jarvis, a pris sur lui de frapper à la porte de ce bureau, où, supposait-il ce dernier travaillait. Malgré ses appels il ne reçut aucune réponse. Inquiet en trouvant la porte fermée au verrou, alors qu’il devait pouvoir pénétrer dans la pièce pour y passer la nuit, il va demander au portier Halsinger si monsieur Jarvis est sorti pendant la courte absence que lui, Henderson, a faite pour aller luncher. Le portier lui affirme que personne n’est sorti de la banque depuis l’huissier Jeffries, et que monsieur Jarvis doit être dans son bureau. Pris de peur, croyant à un accident, ils enfoncent un panneau de la porte, pénètrent dans cette pièce et trouvent Jarvis mort, la gorge coupée, tombé devant la porte de ce coffre-fort. Henderson téléphone immédiatement au bureau de police et veille à ce que rien ne soit dérangé dans la chambre où le crime a eu lieu, c’est-à-dire ici.

Les policiers arrivent, font les constatations habituelles, desquelles il appert que Jarvis est mort par suite d’une blessure au cou. Cette blessure a dû amener la mort en quelques minutes. Elle a été causée par un couteau-poignard très pointu et très affilé,