pouvez choisir entre ce menu et le suivant, inspiré par le banquet offert le 7 mai 1867 à Sa Majesté Impériale Napoléon III, empereur des Français, à l’occasion de l’Exposition Universelle, par la ville de Paris.
— Voyons. On mangeait bien sous le second Empire. Cela me décide. Donnez-nous ce dîner-là.
— Pour combien de personnes ?
— Pour quatre personnes.
— On doit servir dans combien de temps ?
— Dans un quart d’heure environ, aussitôt que les dames que j’attends seront arrivées.
— Bien, monsieur.
Jeffries crayonna quelques mots, et sonnant trois coups, remit ce qu’il venait d’écrire au garçon qui était accouru.
— Vous enverrez le sommelier, ajouta-t-il.
— Au fait, voyons les vins, se dit Marius.
— Je conseillerai à monsieur un Magnum Rœderer sec frappé, à l’ordinaire. Comme vins de Bordeaux, le Haut-Brion, et comme vins de Bourgogne, le Vosne-Romanée, cuvée de 1890. C’est une bonne année ; les vins que je recommande à monsieur sont les meilleurs de notre cave.
— Eh bien, donnez-nous cela. Au fait, se dit Marius, voyons les prix. Je sais bien que c’est mon ami Borchère qui paie, mais si je fais des folies, Ketty criera !
Et le brave Méridional tourna les feuillets de la carte.
— Tiens, une lettre ?
— Ah ! dit Jeffries en se précipitant, la lettre de monsieur Jarvis…
Marius, qui déjà avait tendu la lettre au maître d’hôtel, la retira vivement.
— Comment, la lettre de monsieur Jarvis ?
— Oui, monsieur. Monsieur me rendra service en me la remettant. C’est une lettre que je dois mettre à la poste demain dimanche.
— Comment cela demain dimanche ?
— Monsieur Jarvis me l’a bien recommandé. La lettre se sera glissée dans les feuillets de mon livret-carte.
— Pardon, dit Marius, vous ne me reconnaissez pas ?
— Non, monsieur, dit Jeffries, élevant la voix, mais quel rapport ?
— Je suis l’un des détectives chargés d’instruire l’affaire du crime de la Banque Weld. D’abord, parlez bas.
— Ah ! je reconnais monsieur.
— Bien. Ayez l’air de prendre ma commande comme tout à l’heure, et répondez sincèrement à mes questions, si vous ne voulez pas être arrêté dans cinq minutes.
— Arrêté ! Il ne me manquerait que cela. J’ai déjà assez de chagrin de voir monsieur Georges soupçonné à cause de ma déposition.
— Vous aimez donc monsieur Weld ?
— Comme si c’était un de mes enfants ! Pensez, monsieur, que voilà vingt ans que je suis employé dans la famille. J’ai vu monsieur Georges quand il avait huit ans ! Ah ! je donnerais mon poing droit pour n’avoir pas remplacé Henderson à la banque aujourd’hui !
— Alors nous allons nous entendre, car moi aussi, je voudrais faire éclater l’innocence de monsieur Weld. Répondez donc franchement à mes questions. Cela vaudra mieux pour lui et pour vous.
— Bien, monsieur.
— Et à voix basse toujours.