Chapitre II
L’AGENT DE CHANGE OBRIG
— Bonsoir messieurs, dit Obrig ; comment vous, miss Cécil ? à la banque ? à cette heure ?
— Oui, monsieur Obrig…
— Ne parlons pas inutilement, interrompit le général, Nous sommes ici mon cher Obrig, dans la plus cruelle anxiété.
— Vraiment ?
— La chose ayant été tenue sécrète, vous ne pouvez savoir pourquoi je vous ai convoqué, cher monsieur, et je dois avant tout vous mettre au courant. D’abord, asseyez-vous, je vous en prie, commença Suttner.
— Vos préambules m’effraient…
— Vous allez voir que ce que j’ai à vous apprendre est grave.
— Grave ?
— Très grave : Jarvis, le fondé de pouvoir de monsieur Weld a été assassiné…
— Jarvis, assassiné !
— Et cela quelques minutes après que vous l’aviez quitté !
— Je l’ai quitté à deux heures trois quarts à peu près…
— Et selon toutes nos prévisions, il a été tué à trois heures et quart !
— C’est impossible !
— Cela est malheureusement ainsi.
— Jarvis, assassiné ! Mais pourquoi ?
— C’est ce que nous cherchons à savoir. Pourriez-vous nous donner quelque indice ?
— Quand je l’ai quitté, il y avait avec nous dans le bureau (et Obrig désignait le cabinet du banquier), deux ouvriers occupés à faire une réparation au coffre-fort, je crois. Serait-ce ?
— Nous connaissons ces deux ouvriers et les employés de la banque les ont vus sortir. Aucun soupçon, à propos du meurtre, du moins, ne saurait planer sur eux.
— Soupçonnez-vous quelqu’un ?
— Je cherche à me faire une conviction.
— Ah !
— Je vous ai prié de venir, supposant que votre déposition pourrait, peut-être, nous éclairer.
— Je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile, néanmoins je suis à vos ordres, questionnez-moi.
— je vous remercie. Permettez-moi, tout d’abord, de vous rappeler une conversation que vous avez eue, vendredi dernier, au soir, avec le général Kendall.