Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chapitre III

STOCKTON DONNE SON AVIS


Le général Kendall s’arrêta, honteux du mouvement de violence qu’il n’avait pu réprimer.

— Enfin, vous voilà, Stockton !

— Excusez-moi, messieurs. Évidemment je viens un peu tard, mais croyez bien que je n’ai pas cessé de m’occuper de l’affaire, je vous assure même que je n’ai pas perdu mon temps.

— Vous aussi, vous avez du nouveau.

— Oh, oh ! vous venez de dire un « aussi » qui me fait présumer que vous avez fait des découvertes.

— En effet, nous croyons savoir pourquoi Weld a pu tuer Jarvis.

— Ah !

— Monsieur Obrig, l’agent de change bien connu…

— J’ai souvent entendu parler de monsieur, interrompit Stockton en saluant.

— Eh bien, continua Suttner, monsieur Obrig vient de nous apprendre que Jarvis — sous le couvert de la banque — jouait de façon formidable, et cela depuis des années. Jusqu’à ces derniers temps, les bénéfices compensaient — les pertes, mais depuis quelques semaines, quelques mois plutôt, la chance avait tourné et des sommes considérables avaient été englouties à la Bourse ; nous ne savons pas à quel chiffre encore les évaluer, mais les pertes doivent dépasser le million de dollars.

— Diable !

— Les révélations de monsieur Obrig nous permettent donc de supposer ceci… Vous dites ? demanda Suttner, voyant que le détective avait fait un mouvement.

— Rien ! Malgré moi, à ce mot de « supposer », j’ai cherché des yeux monsieur Boulard…

— Il n’est pas encore revenu.

— Ah ! Excusez mon interruption, je vous prie.

— Donc, reprit le juge, les déclarations qui nous ont été faites nous permettent de croire que Weld, au moment où il quittait son bureau à deux heures quarante minutes, à peu près, a entendu les réclamations, suivies d’une mise en demeure de payer, de monsieur Obrig. Il a eu soudain ainsi la révélation des abus de confiance de son fondé de pouvoirs. Le coup a dû être rude. Weld avait, nous le savons, une foi aveugle en Jarvis qu’il consi-