— Et de raconter ce que tu auras vu !
— Cela me va comme un gant.
— Eh bien, il ne me reste qu’à te présenter à mon oncle.
— Le ministre ?
— Oui, le ministre. Ah, dame, tout dépend de lui.
— Voilà que le trac me reprend.
— Tu le connais cependant. Quand il va à Carcassonne ?
— Je le vois, mais de loin !
— Cependant, tu es de la famille ?
— De la tienne, pas de la sienne. Nous sommes cousins par ta mère.
— C’est vrai. Mais dis-moi donc ?
— Parle.
— Tu n’es pas venu sans avoir une recommandation de là-bas ?
— Tu penses bien. Margalène, l’agent électoral de ton oncle, m’a donné une lettre pour lui.
— Tu as une lettre de Margalène ?
— Oui.
— Et tu ne le disais pas tout de suite. Mais l’affaire est dans le sac. On ne refuse rien à Margalène !
— Vraiment ! J’ai aussi une lettre de Madame Escoubianès.
— De madame Escoubianès, la maîtresse de l’hôtel de France, où mon oncle tient ses réunions électorales, où il a son comité ?
— D’elle-même.
— Mais, mon ami, je vais te demander ta protection.
— Ne blague donc pas toujours !
— Je ne blague pas. Tu ne sais donc pas qu’on refuse peu de choses à des électeurs, qu’on ne refuse rien à son agent électoral, et qu’on accorde tout au tenancier du local de son comité.
— Alors, tu crois que ton oncle…
— Ne lui demande pas ma place ! il te la donnerait ! Tiens, j’entends son auto qui entre dans la cour. Oui, c’est bien lui, plus tôt que je ne le croyais. Je vais te présenter.
— Comme ça, tout de suite ?
— Ne crains rien, tu as les mots de passe. Escoubianès ! Margalène ! On ne peut rien te refuser. Allons-y !