ou ceux qui ouvriraient le coffre-fort avant demain matin. Cette prime vous appartient, puisque vous avez ouvert cette porte. La voici.
Et Weld tendait à Marius le chèque, qu’il venait de prendre sur son bureau.
— Mais, mon cher monsieur Weld…
— Ce n’est pas un cadeau, je vous le répète, c’est une dette que j’acquitte.
— Certes, intervint Obrig, nous sommes tous témoins que vous avez promis deux cent mille dollars à celui qui ouvrirait cette maudite porte !
— Hein ! Deux cents…
— Deux cent mille dollars, affirma le général en se levant, et ce n’est pas cher !
— Mais deux cent mille dollars, cela fait…
— Un million de francs.
— Allons, vous vous moquez de moi…
— Mais non.
— Vous voulez me faire croire que vous êtes du Midi !
— Mais nous sommes en effet du Midi des États de l’Union.
— Oui, mais de mon Midi à moi, le seul vrai ! le seul où on blague sérieusement !
— Mais je ne blague pas, affirma Weld en riant aux éclats avec tous les assistants de cette scène. Prenez donc.
— Un million, un mill…
Marius n’acheva pas. Ses jambes se dérobèrent sous lui ; il chancela !
— Hé là, mon brave ami, lui dit Stockton en se précipitant pour le soutenir, un peu de courage, que diable !
— J’en ai, certainement, j’en ai dans la mauvaise fortune, mais dans la bonne…
— Vous en manquez. Tenez, voici mademoiselle Ketty, apprenez-lui la nouvelle.
— Marius, venait dire la blonde enfant, maman est furieuse, elle demande si vous allez la faire coucher ici ?
— Ketty…
— Quoi ?
— Ketty, regardez-moi.
Et Marius se redressait.
— Je vous regarde.
— Je n’ai rien de changé ?
— Non, vous êtes un peu pâle, mais cela vous donne l’air distingué.
— Ketty, vous voyez devant vous un millionnaire !
— Un millionnaire…
— Je possède à l’heure qu’il est, en plus de l’argent que vous avez à moi, un million…
— Un million ?
— Un joli million, tout neuf.
— Maman a raison, vous êtes fou !
— Demandez à ces messieurs.
— C’est vrai ?
— Mais oui, miss Ketty, nous pouvons vous le certifier.
— Et vous m’épousez toujours ?
— Plus que jamais !…
— Ah ! mon chéri ! Il faut que je vous embrasse… Maman, maman…
— Qu’y a-t-il, demanda mistress Trubblett, accourant aux cris de sa fille.
— Chère madame Trubblett, s’écria Marius en se précipitant vers elle…
— Arrêtez-le, il va me mordre…
— Mais non, je veux vous demander la main de Ketty…
— La main de Ketty ! Jamais de la vie.
— Vous savez qu’il est millionnaire, ajouta Stockton avec flegme.
— Millionnaire ?