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en personne à ce drame londonien ? Rappelez-vous qu’au moment où les criminels, qu’on n’a pas arrêtés du reste, mirent le feu à leur refuge, le ministre ordonnait de braquer sur cette maison des canons, pour en finir !

— Il me semble, en effet, que j’ai lu quelque chose comme cela dans « Je sais tout ».

— C’est là où je me suis documenté. Lépine m’avait communiqué l’article. J’ai continué : Est-ce la police des États-Unis que vous nous indiquez ? A-t-elle pu empêcher l’attentat, l’audacieuse agression, pour parler comme l’honorable député qui m’a précédé à cette tribune, de ces quatre bandits armés, qui dans un restaurant de l’East-Side, ont dévalisé quarante personnes ; les bandits étaient installés dans le restaurant. Soudain ils se levèrent et pendant que deux d’entre eux tenaient les consommateurs et le personnel sous la menace de leurs revolvers, les autres s’emparaient d’une quantité considérable de bijoux et de porte-monnaies et le coup fait, tous s’enfuyaient dans un taxi-auto !

— Dis donc, ça, c’était dans le « Petit Journal ».

— Preuve que c’est vrai. Chaque jour, les statistiques américaines l’établissent, on assassine trente citoyens des États-Unis, ce qui fait plus de 200 par semaine et 10,000 à la fin de l’année. Sur 100 meurtriers, deux sont condamnés par la justice, les quatre-vingt-dix-huit autres échappent au châtiment. Dans les quartiers mal famés de New-York, sur cent voleurs qu’on arrête, soixante-quinze au moins sont relâchés comme parents, amis ou agents électoraux d’hommes politiques influents.

— Nous n’en sommes pas encore là !

— Est-ce la police russe qui est votre idéal ? Je puis vous servir l’histoire du policier Griu, dénoncé par un de ses complices comme étant à la tête de la bande des faux monnayeurs de Varsovie. Et ce Griu n’était pas un policier vulgaire. Plusieurs fois, il fut chargé de hautes surveillances administratives, de graves missions de confiance ! Allons, Messieurs, avouons-le, ai-je dit en terminant, nous autres, Français, nous sommes enclins à attaquer les braves gens qui nous défendent. Les récents scandales qui se sont passés dans nombre d’autres pays prouvent que nous devrions, au contraire, nous enorgueillir de la loyauté de ceux qui protègent notre vie et nos propriétés. Je rappellerai pour finir la définition, jetée un jour de cette tribune, par un de nos illustres prédécesseurs au ministère de l’Intérieur, de l’agent parisien, c’est « l’honnête homme en permanence ». Quant au service de la Sûreté, il n’est pas impeccable peut-être, mais tel qu’il est, c’est le plus parfait de tous ceux qui existent. Cependant…

— Mouvement d’attention, dira le compte-rendu sténographique.

— Cependant, le ministère ne pouvait pas se désintéresser des faits qui vous ont été signalés aujourd’hui ; bien avant l’intervention des personnalités…

— Tu n’as pas mis un adjectif ?

— Je n’en ai pas trouvé sur le moment ! Bien avant l’intervention des personnalités que vous avez entendues tout à l’heure, des mesures avaient été prises…

— Lesquelles ?

— Tais-toi donc, tu m’interromps tout le temps !

— C’est pour te rappeler la Chambre !

— Tu es insupportable ! Ces mesures consistent dans un important remaniement des services de la préfecture de police, et dans l’envoi à l’étran-