Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
? — K. Z. W. R. — 13

asseoir, docteur, vous allez assister à l’interrogatoire du prévenu.

Le capitaine fit retentir la sonnerie : un matelot parut.

— Ah ! c’est vous, Perrot.

— Oui, mon capitaine, répondit un marin, espèce de géant.

— Eh bien, prenez avec vous un de vos camarades, descendez à la cabine de monsieur Stockton et amenez-le ici, poliment, mais sans le perdre de vue une minute. Empêchez-le surtout de se débarrasser de quelque paquet ou papier qu’il pourrait avoir sur lui. Allez.

— Vous permettez, mon capitaine, interrompit Lartigue : vous apporterez aussi sa malle de cabine. Je ne serai pas fâché de savoir ce que contient le coffret que nous n’avons pas pu ouvrir.

— Alors, dit le docteur, vous soupçonnez monsieur Stockton ?

— Nous faisons mieux que de le soupçonner ! Grâce à monsieur Boulard, nous sommes sûrs de sa culpabilité.

— Vraiment ?

— Sans hésitation.

— Eh bien, ce que vous me dites là ne me surprend pas, il m’a toujours fait mauvaise impression !

— C’est vrai, ce visage glacé.

— Ce mutisme voulu.

— Il est certain que sa physionomie ne prévient pas en sa faveur. Cependant, ajouta Marius, j’ai un certain faible pour lui !

— Parbleu, dit Lartigue, il vous a fait gagner plus de trois mille francs !

— C’est donc un grec aussi ?

— Sans doute.

— Ah ! sapristi, si j’avais su, continua le docteur.

— Quoi donc ?

— Eh bien, hier soir, il jouait à l’écarté… Si j’avais su…

— Si vous aviez su ?

— J’aurais parié pour lui !

À ce moment on frappait à la porte. C’était Stockton, amené par Perrot, qui apportait à la main la malle de l’Américain.

— Entrez, monsieur, et asseyez-vous. Posez là cette malle et retirez-vous. Restez tout près d’ici nous vous appellerons si nous avons besoin de vous, Perrot.

Après un moment de silence :

— Vous savez, probablement, commença le capitaine, pourquoi je vous ai fait demander, monsieur Stockton ?

— Je m’en doute, du moins, capitaine.

— Parbleu ! Nous recherchons l’individu qui, cette nuit, a volé les bijoux de madame Roseti, le portefeuille de monsieur, et qui, la nuit passée, a pénétré dans la cabine de monsieur Boulard dans un but encore mal éclairci.

— Et vous me demandez de vous aider dans vos recherches ?

— En effet, répondit le capitaine, étourdi de cet aplomb.

— Vous avez tout à fait raison, car si vous n’avez que des présomptions, j’ai, moi, des certitudes.

— Des certitudes, reprit Maugard en ricanant. Et vous voulez bien alors nous dire le nom du malfaiteur ?

— Je n’y vois aucun inconvénient.

— Et ce malfaiteur se nomme ?

— Monsieur le comte de Borchère, à qui vous avez donné ce matin la clef des champs, et qui doit, à l’heure qu’il est, avoir quitté Lisbonne, où vous avez eu l’amabilité de le faire conduire.

— Le comte de Borchère ! Allons