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Allo. C’est toi…

. . . . . . . . . . . . 

Oui.

. . . . . . . . . . . . 

Tout de suite.

Il raccrocha l’appareil, vint à son bureau, traça quelques lignes et mit le papier sur lequel il venait d’écrire sous enveloppe, puis il sonna.

Au lieu d’Henderson, ce fut un autre huissier qui entra.

— Tiens, c’est vous, Jeffries, Henderson n’est pas là ?

— Non, monsieur, il est parti pour quelques minutes et il m’a prié de le remplacer.

— Oui est de garde à la porte en bas ?

— Personne pour le moment, monsieur, mais je surveille du haut de l’escalier et je puis voir si quelqu’un entre dans le hall de la banque. Du reste, la petite porte seule est ouverte comme d’habitude à cette heure.

— C’est juste, il est trois heures. Tenez, voici une lettre à mettre à la poste.

— Tout de suite, monsieur ?

— Mais non. Vous ne pouvez sortir, puisque vous êtes seul, et puis ce n’est nullement pressé ; c’est demain dimanche et il suffit que cette lettre arrive à son adresse lundi. Il vaut même mieux que vous ne la jetiez à la poste que demain dans la matinée.

— Demain dimanche ?

— Oui. J’entends marcher dans le hall. Voyez donc qui c’est.

— Monsieur, c’est monsieur Weld.

— Ah ! bien, je n’ai plus besoin de vous.

Jeffries s’effaça pour laisser passer l’arrivant qui entra, portant une valise assez grande à la main.

Jarvis le considéra d’abord en silence, puis lui dit en riant :

— Te voilà revenu ?

— Tu vois !

— Alors, dépêchons.

Jarvis alla s’assurer que la porte matelassée était retombée, que personne ne pouvait entendre ce qui allait se dire, mit le verrou et revint tout en parlant :

— Tu as les clefs ?

— Les voilà.

— N’oublie pas les papiers dans le bureau, mets-les dans ton sac.

Chose currieuse, alors que l’agitation de Jarvis ne faisait que croître, Weld paraissait absolument calme.

Il ouvrit avec ses clefs le tiroir-caisse de son bureau, prit le portefeuille-sacoche dont il avait retiré les billets de banque remis à Marius et le jeta sans l’ouvrir dans la valise posée à côté de lui.

Ce faisant, ses yeux s’étaient portés sur le couteau-grattoir et le brillant de la lame semblait le fasciner, quand Jarvis, en parlant, attira son attention.

— Allons, maintenant, à l’œuvre.

— Allons.

— Tu sais qu’Obrig, l’agent de change, est venu tout à l’heure. Un peu plus, il me demandait de régler sur l’heure les différences de la banque. J’ai cru que j’allais être obligé, pour le payer, d’entamer la somme…

— Il n’aurait plus manqué que cela !

— Et comme je n’aurais pas pu le payer en or ou en monnaie, pense donc, deux cent cinquante mille dollars, il eut bien fallu prendre sur les billets que nous allons emporter. Il en serait resté tout de même, mais, c’est mon avis, mieux vaut garder intacts nos seize millions !

— Seize millions !